Centenaire 14-18 : Le président Hollande veut faire une place aux fusillés pour l’exemple

Au cours de la Première Guerre Mondiale, 740 soldats furent fusillés « pour l’exemple », dont environ les deux tiers au cours des 17 premiers mois du conflit. Selon un récent rapport sur cette question remis récemment au ministre délégué aux Anciens combattants, Kader Arif, « 600 à 650 » d’entre eux avaient « désobéi aux ordres ou abandonné leur poste ».

Et d’expliquer qu’il s’agissait « de soldats comme des milliers d’autres, qui se sont battus comme eux et ont eu un jour un moment de faiblesse ou de ‘ras-le-bol' », avant d’estimer qu’un « large consensus existe dans notre société pour estimer que la plupart n’étaient pas des lâches ». Consensus? Pas si sûr… Car la question reste épineuse.

En 1998, Lionel Jospin, alors Premier ministre, avait estimé qu’il fallait « réintégrer aujourd’hui, pleinement, notre mémoire collective nationale » les mutins fusillés pour l’exemple. A l’époque, le président Chirac avait jugé cette déclaration « inopportune ». « S’il y avait eu une révolte généralisée des soldats français, nous aurions sans doute perdu la guerre de 14. Donc, c’est un exemple qui ne pouvait pas être suivi et les autorités de l’époque, civiles et militaires, ont été amenées à prendre des décisions difficiles et, à certains égards, cruelles », avait surenchéri Valéry Giscard d’Estaing.

En 2011, le président Sarkozy déclara, au sujet des Poilus, que « tous furent des héros, même ceux qui, après avoir affronté avec un courage inouï, les plus terribles épreuves, refusèrent un jour d’avancer parce qu’ils n’en pouvaient plus ».

Ces propos pouvaient être interprétés comme une invitation à une réhabilitation générale, chose inconcevable pour certains acteurs du monde combattant,  pour qui « satisfaire la volonté d’une minorité d’individus qui tendraient à vouloir considérer tous les morts de la guerre comme morts au combat, c’est-à-dire comme Morts pour la France, serait revenir sur ce sujet douloureux et consisterait à modifier l’histoire, telle qu’elle est, à des fins partisanes ».

Le dossier en était resté là, jusqu’à qu’il soit évoqué par le président Hollande, à l’occasion du lancement des commémorations du centenaire de la Première Guerre Mondiale. Sans prononcer le mot réhabilitation, le chef de l’Etat a indiqué avoir demandé au ministre de la Défense qu’une « place soit accordée à l’histoire des fusillés au musée des Invalides, dans ce lieu qui porte l’histoire de la guerre ». Et d’ajouter : « La mémoire ne se divise pas, elle rassemble toute la nation ».

« Je souhaite, au nom de la République, qu’aucun des Français qui participèrent à cette mêlée furieuse ne soit oublié », a fait valoir le président Hollande, qui a également précisé que « les dossiers des conseils de guerre seront numérisés et disponibles ».

Par ailleurs, le chef de l’Etat a dévoilé plusieurs temps forts pour l’année 2014, avec l’invitation au 72 belligérants de la Grande Guerre à participer au défilé du 14 juillet à Paris, la célébration « dans le recueillement » du début des hostilités, le 3 août, en présence du président allemand et l’inauguration, le 11 novembre, d’un mémorial international en hommage à tous les combattants.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]