Les Etats-Unis sont sceptiques sur l’inventaire des armes chimiques syriennes

L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) est dans les temps pour démanteler l’arsenal syrien, conformément à ce qui est prévu par la résolution 2118 du Conseil de sécurité, adoptée suite à l’attaque aux gaz neurotoxiques du 26 août dernier près de Damas.

En un mois, les inspecteurs de l’OIAC ont ainsi placé des scellés sur l’ensemble des 1.000 tonnes d’agents et des 290 tonnes d’armes chimiques déclaré par le régime syrien. En outre, les sites de production sont désormais inutilisables (soit 21 sites et 39 installations).

La prochaine étape est la destruction de cet arsenal, laquelle doit être terminée le 30 juin prochain. Selon le quotidien Le Monde, cette opération pourrait se dérouler en Albanie, la Norvège, un temps pressentie, ayant refusé de répondre favorablement a une telle sollicitation.

Au moins deux raisons expliquent ce choix. L’Albanie a une certaine expérience en la matière étant donné qu’elle a détruit, en 2007, son propre arsenal chimique. En outre, elle est idéalement placée géographiquement puisque relativement proche de la Syrie. Cela étant, d’autres pays ont été contactés pour faire ce travail, dont la France.

Tout irait très bien s’il n’y avait pas un bémol mis par Washington. Si, dans un premier temps, l’administration Obama avait estimé que l’arsenal syrien serait détruit dans les délais prévus, l’ambassadrice des Etats-Unis auprès de l’ONU, Samantha Power, a ainsi fait part du scepticisme des autorités américaines au sujet du document de 700 pages détaillant les stocks d’agents chimiques jusqu’à prénsent détenus par Damas.

Pourtant, l’OIAC avait laissé la possibilité aux services de renseignement étrangers de compléter, au besoin, la liste donnée par le régime de Bachar el-Assad. Or, jusqu’au 31 octobre, aucun n’y a apporté le moindre complément. Ce qui laisse à penser que les déclarations syriennes sont complètes.

« Il reste encore du travail pour s’assurer que la liste des sites officiels transmise par le gouvernement syrien est exhaustive et que le processus est en bonne voie, en particulier la phase de destruction, qui semble très compliquée », a toutefois affirmé Samantha Power, à l’issue d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies consacrée au dossier syrien. « Vous entendrez certainement parler de nous si nous décelons une non-conformité ou des divergences importantes », a-t-elle ajouté.

« Après des années de rapport avec ce régime, des années de mensonges dans d’autres contextes et bien entendu beaucoup de promesses non tenues lors de cette guerre, les États-Unis restent naturellement sceptiques », a encore fait valoir la diplomate américaine. « Un homme qui gaze son peuple et utilise des Scuds et toutes formes de terreur contre son peuple n’est pas à sa place pour s’occuper de son peuple. Cet accord retire à Assad et à ses forces une arme qu’ils ont utilisée pour prendre l’avantage militaire. Ce n’est pas quelque chose qu’il voulait ni qui sert ses intérêts », a-t-elle expliqué.

Selon l’AFP, cette suspicion est partagée. Ainsi, un reponsable d’un « pays occidental » a fait part de « doutes » sur la sincérité des déclarations de Damas. « Mais nous allons laisser l’OIAC faire son travail », a-t-il confié. D’autres dirigeants américains ont exprimé quasiment le même sentiment. « Il existe des signes qui tendent à montrer que certains éléments au sein du régime syrien veulent préserver l’arsenal d’armes chimiques », a confié l’un d’eux.

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