150 militaires français supplémentaires ont été déployés à Kidal

Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait annoncé, le 3 novembre, au lendemain de l’assassinat de 2 journalistes de RFI, un renforcement de la sécurité à Kidal, bastion de la rébellion touareg, situé à 1.500 km de Bamako. C’est désormais chose faite, avec l’arrivée, en provenance de Gao, de 150 militaires de la brigade Serval, qui viennent s’ajouter aux 200 soldats français déjà sur place.

« Ce type de renforcements ponctuels, comme celui conduit à Kidal, illustre la capacité d’action de la force Serval à partir de ses éléments basés à Gao. La force Serval peut ainsi engager des éléments sur différents points en fonction des besoins », explique l’Etat-major des armées (EMA).

Alors que, interrogée par Les Echos, la porte-parole du gouvernement, Mme Najat Vallaud-Belkacem, avait affirmé qu’il allait « sans doute falloir renforcer » les moyens militaires français « pour pouvoir faire reculer le terrorisme », M. Fabius a déclaré le contraire, ce 5 novembre, à l’antenne de RFI, en affirmant que la décision du président Hollande d’envoyer des renforts à Kidal « ne remet pas en cause le calendrier général de présence puis de réduction de présence des forces française ».

« Nous avons sur place à peu près 3.000 hommes, il a été prévu qu’ils soient maintenus jusqu’au moment des élections, c’est dans quelques jours, a rappelé le chef du Quai d’Orsay, en faisant référence aux élections législatives dont le premier tour est prévu le 24 novembre. « Ensuite, nous diminuerons ce nombre et en rythme normal il devrait y avoir un millier de soldats qui auront en particulier des tâches antiterroristes », a-t-il ajouté.

« Dans le cadre de cette mission, la force Serval s’est mise en situation de pouvoir répondre à toute demande de soutien, en adaptant son dispositif en fonction de l’effort à produire », a indiqué, de son côté, l’EMA.

Il y aura donc seulement 350 militaires français pour sécuriser Kidal et ses environs, en plus des hommes des Forces armées maliennes (FAMA), qui ne sortent guère de leurs casernes, et de ceux de la mission des Nations unies (Minusma). La question est de savoir si cela sera suffisant…

Pour le général (2S) Vincent Desportes, ancien directeur de l’Ecole de Guerre et dont les propos ont été rapportés par le Nouvel Observateur, la réponse est clairement non. « Avec 200 soldats français, vous ne sécurisez pas le Champs-de-Mars à Paris », a-t-il estimé. « Et de plus, ces troupes n’étaient même pas dans la ville mais à l’extérieur… Or, la France a le savoir faire pour sécuriser une ville. D’autant que Kidal n’est pas gigantesque, ce n’est ni Kaboul, ni Bagdad! Mais il nous faut plus d’hommes… », a-t-il fait valoir, en ajoutant qu’il faudraut « au minimum arrêter le retrait des troupes et, au mieux, augmenteur leurs volumes jusqu’à doubler les effectifs et atteindre les 6.000 hommes ».

Et d’expliquer : « Il ne nous faut pas simplement des armées capables de frapper un grand coup de poing, mais aussi capables de stabiliser. En Libye, on ne s’est pas essayé à la stabilisation et on a produit un chaos terrible, dont la crise malienne a été en partie une conséquence. On ne peut pas avoir une armée de haute technologie réduite à un noyau de force dure. L’armée française manque d’épaisseur stratégique. On est capable de jouer le premier coup, mais ce qui est important c’est cette stabilisation. Or, on sait bien que dans toutes les opérations, après la première bataille, que nous conduisons d’ailleurs remarquablement bien, il y a une période de sécurisation qui est toujours longue et qui demande toujours des effectifs importants. C’est ce qui s’est passé en Irak et en Afghanistan. Nous n’échapperons pas à la règle ».

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]