Toujours aucun accord entre l’Otan et la Russie au sujet de la défense antimissile

Lors du sommet de l’Otan à Lisbonne, en novembre 2010, l’on pouvait penser que le bouclier antimissile n’allait plus être un sujet de discorde avec la Russie. Trois ans plus tard, les discussions avec Moscou n’ont pas avancé d’un pouce.

En effet, pour Moscou, ce projet de défense antimissile porté par l’Otan pose plusieurs problèmes. En premier lieu, il est de nature à porter atteinte à la crédibilité de ses forces stratégiques. Ensuite, faute d’avoir eu des garanties écrites de la part de l’Alliance atlantique, la Russie se sent particulièrement visée par ce dispositif, dans la mesure où des éléments de ce bouclier seront installés dans son ancienne sphère d’influence ou à ses frontières.

Aussi, étant donné que cette défense antimissile doit protéger l’Europe et l’Amérique du Nord de la menace des missiles balistiques iraniens, Moscou a pris l’Otan au mot en proposant de prendre en charge la destruction d’engins éventuels qui viendraient à survoler son territoire. Peine perdue. Car pour l’organisation atlantique, une éventuelle coopération avec la Russie ne doit porter que sur l’échange d’informations et pas sur autre chose.

D’où le dialogue de sourds entre Moscou et l’Otan sur ce sujet… Et le dernier Conseil Otan-Russie (COR) du 23 octobre – le premier depuis 2011 – n’y a pas coupé. « Nous avons échoué à trouver une solution ensemble sur ce dossier, et les préoccupations russes demeurent, mais nous continuons à discuter », a commenté Sergueï Shoigu, le ministre russe de la Défense.

Le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, n’a pas dit autre chose. « Les deux parties doivent continuer à discuter franchement et directement afin de surmonter les divergences », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse. « Ce n’est pas un secret que nous n’avons pas encore trouvé comment collaborer dans la défense antimissile », a-t-il ajouté.

Comme d’habitude, ce sont les mêmes points qui bloquent. « Avant d’envisager des projets communs, nous aimerions obtenir des assurances juridiques que le programme n’est pas contre la Russie », a indiqué M. Choïgou. Or, cela n’est pas possible pour plusieurs raisons et l’on ne voit pas comment une solution pourrait être trouvée pour contenter tout le monde.

Pour l’Otan, il n’est pas envisageable d’accorder ces garanties juridiques tout bonnement parce qu’elles seraient contraignantes. Il s’agit ainsi de se ménager une marge de manoeuvre stratégique, dans la mesure où nul ne sait comment sera la situation politique russe dans les prochaines années.

En outre, pour satisfaire Moscou, il faudrait un accord de l’ensemble des membres de l’Alliance. Or, au vu des relations qu’entretiennent avec la Russie certains pays ayant appartenu à l’ex-bloc soviétique avant de rejoindre le bloc occidental, c’est loin d’être gagné.

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