Soldes : Toujours de la confusion au sujet des effets de Louvois (MàJ)

« Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien », disait Socrate. Au sujet des dysfonctionnements concernant le versement des salaires aux militaires depuis le raccordement du Logiciel unique à vocation interarmées de la solde (Louvois) aux systèmes de gestion de ressources humaines (SIRH) de l’armée de Terre, de la Marine nationale et du Service de santé des armées (SSA), l’on pourrait être tenté de reprendre la formule du philosophe grec. Enfin presque… car on sûr d’une chose : les erreurs continuent, au point d’en exaspérer l’amiral Edouard Guillaud, le  chef d’état-major des armées (CEMA),

« Fin août, on a dépassé 50 % d’erreurs! » s’était-il emporté, en septembre dernier, devant la commission sénatoriale des Affaires étrangères et de la Défense. « Nous sommes sûrs que le calculateur lui-même – cœur du système – est déficient. Il y a un an, c’était encore une querelle d’experts. Maintenant, tout le monde est d’accord. Il faut donc faire quelque chose. Louvois coûte cher : on dépasse largement les 100 millions d’euros d’indus! », avait-il ajouté.

Invité à s’exprimer devant les députés de la commission de la Défense et des Forces armées, le Contrôleur général des armées (CGA) Jacques Feytis, directeur des ressources humaines du ministère de la Défense (DRH-MD), n’a pas manqué d’être interrogé sur les dysfonctionnements causés par Louvois. Dysfontionnements dont les responsables, comme le soulignait un récent rapport parlementaire, bénéficient d’une certaine « impunité »…

« Le système d’information Louvois, je l’avoue, a subi peu d’évolutions matérielles même si plusieurs changements de version ont été incrémentés. En revanche nos équipes techniques ont été renforcées. C’est un système que nous avons développé nous-mêmes, il a donc été conçu avec des logiques un peu anciennes et, qui plus est, il n’est pas documenté, si bien que les 25 techniciens supplémentaires doivent entrer dans le système pour bien le comprendre! », a commencé par expliqué Jacques Feytis.

De nouvelles versions sont « régulièrement » mises en oeuvre, a-t-il ajouté, en précisant que les prochaines ne le seront pas avant janvier prochain, étant donné que « les soldes d’octobre, novembre et de décembre sont calculées en même temps à partir de maintenant afin de garantir une solde la meilleure possible pour la fin de l’année ».

« Le travail relatif aux soldes commence beaucoup plus tôt, les écarts sont mesurés, les erreurs sont constatées un mois avant le paiement des soldes et peuvent donc être corrigées. Finalement, sur 180 000 soldes, les erreurs de paiement sont au nombre de 200 par mois », a avancé le DRH-MD…. On est donc loin des 50% dénoncés quelques semaines plus tôt par l’amiral Guillaud… D’où vient cet écart, mystère… A moins qu’une partie ait été corrigée entre-temps pour en arriver au chiffre avancé par le CGA Feytis?

« La situation pour la paie d’octobre est plus satisfaisante que celle d’août et septembre, où nous avons connu des difficultés dues aux nombreuses mutations qui interviennent à cette période. Aujourd’hui, les personnels sont payés. Mais il reste encore 150 à 200 soldes nulles chaque mois et plusieurs centaines de soldes, soit anormalement basses, soit anormalement élevées. Ce sont donc 1 500 à 2 000 soldes qui posent problème chaque mois », a pourtant affirmé Jean-Paul Bodin, le Secrétaire général pour l’administration (SGA), quelques jours plus tôt et devant la même commission parlementaire (*).

Quant aux sommes trop perçues par certains militaires, le CEMA – et pas seulement lui d’ailleurs – avait parlé de plus de 100 millions d’euros. Il ne s’agissait là que d’une évaluation sur la période 2012 et janvier 2013 pour 65.000 militaires, a indiqué Jacques Feytis. « En réalité, nous pensons que 30 % environ des erreurs signalées par le système n’en sont pas – nous aurons donc sans doute moins de trop versés que ce que nous imaginions », a-t-il affirmé.

Entre des erreurs qui n’en sont pas et des sommes justes qui se révèlent finalement fausses, c’est à perdre son latin. Ou son grec, comme aurait pu dire Socrate.

(*) Merci à Florent, de Mars Attaque, d’avoir relevé les chiffres avancés par le SGA

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