Les associations sont vent debout contre le coup de rabot sur la retraite mutualiste du combattant

Si l’on en croit le quotidien Le Figaro, le gouvernement aurait eu le soutien d’associations, dont la Fédération nationale des anciens combattants d’Algérie (Fnaca), pour diminuer de 20% la majoration par l’Etat de la Retraitre mutualiste du combattant (RMC). Cette décision a été prise par décret, lequel a été publié au Journal officiel le 24 septembre dernier.

De deux choses l’une : soit le journal s’est trompé, soit l’exécutif s’est emballé. Car le représentant de Guy Darmanin, le président national de la FNACA, qui s’est exprimé devant les députés de la commission de la Défense et des Forces armées, a dénoncé justement « la décision prise par le gouvernement de réduire de 20% sa subvention aux rentes mutualistes des Anciens combattants » car il s’agit d’une remise en cause d' »un droit acquis le 4 août 1923″. Et d’ajouter : « Nous demandons donc aux parlementaires de supprimer cette disposition qui porte atteinte aux droits imprescriptibles des anciens combattants ».

Le secrétaire général de la Fédération nationale des combattants prisonniers de guerre et combattants d’Algérie, Tunisie, Maroc (FNCPGCATM), Pierre Dürr, a dit regretter que « le plafond de la retraite mutualiste du combattant ne soit pas relevé à l’indice 130, alors même que celle-ci vient de faire l’objet d’un important rabotage avec la baisse de 20 % de la participation de l’État ». Puis de conclure en disant que « c’est un droit à réparation qui est particulièrement touché ». Par ailleurs, ce responsable associatif n’a pas manqué de faire part des « nombreuses difficultés » qui « touchent les veuves d’anciens combattants auxquelles on retire le bénéfice de la demi-part fiscale supplémentaire ».

Président délégué de la Fédération nationale André-Maginot, l’amiral Henri Lacaille a parlé d’une mesure « autoritaire », qui « n’a fait l’objet d’aucune concertation préalable avec les caisses mutualistes et avec les représentants de nos associations ». Selon lui, elle va toucher « en priorité nos membres les plus âgés, en particulier les anciens d’Algérie qui ont tous plus de 70 ans ». En outre, a-t-il expliqué, « les sommes qui ne seront pas distribuées ne sont pas très importantes pour chaque bénéficiaire mais elles constituent une partie de leur gagne-pain », avant d’estimer que « les mesures de reconnaissance de la Nation méritent mieux que d’être traitées administrativement comme des niches fiscales. »

Le président national de l’Union nationale des combattants (UNC), Lucien-Louis Bayle, a quant lui dénoncé une « mesure cavalière », prise « sans concertation, en catimini ». Or, pour lui, la « forme est essentielle et un dialogue constructif (…) permettrait d’expliquer à la base ce qui se passe ». Même s’il a admis que l’Etat recherche des économies, il a tout estimé que « d’autres secteurs mériteraient une attention particulière ».

Pour lui, cette décision « reflète la considération que l’on peut avoir pour le monde combattant ». Et elle a causé des « dégâts ». « On me fait part des réactions de personnes en difficulté qui découvrent qu’elles vont l’être davantage à l’heure où l’on invoque la justice sociale », a-t-il lancé.

« Quant à la retraite mutualiste du combattant, on ne peut parler de niche fiscale de nantis ! Son bénéfice est la conséquence d’un droit à réparation pour des jeunes qui risquent leur vie, et ceux qui cotisent sont des engagés volontaires qui ont de petits salaires », a fait valoir le général André Soubirou, président de l’Association nationale des participants aux opérations extérieures (ANOPEX).

Cependant, ce projet de loi de finances 2014 contient quelques avancées, comme l’achat de prothèses de la dernière génération (1 million d’euros) pour les blessés, l’attribution de la carte du combattant à ceux qui comptent 120 jours de présence en Afrique du Nord, à condition d’avoir commencé leur mission avant le 2 juillet 1962 et l’augmentation du plafond de l’aide différentielle, attibruée au conjoint survivant, à 932 euros, ce qui toutefois reste en deçà du seuil de pauvreté, qui est de 977 euros selon l’INSEE.  »

Combien de fois, dans nos permanences, avons-nous rencontré de ces veuves dont le mari est mort à la guerre et qui vivent avec 597 euros par mois! » a ainsi déploré Raphaël Vahé, président de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre, des combattants pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix (ARAC).

« On ne prête pas assez attention aux veuves de guerre. Pour leur pension, il existe deux taux suivant que la période concernée se situe avant ou après 1962, ce qui crée une discrimination, pour reprendre un mot à la mode. L’engagement que nous demandons aux représentants de la Nation touche une population très peu nombreuse : environ 1 600 femmes âgées, qui ont presque toutes plus de quatre-vingt-dix ans, et qui ont besoin d’une attention particulière », a renchéri Lucien-Louis Bayle.

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