La Marine nationale souffre d’un manque chronique de moyens pour lutter contre le narcotrafic

Régulièrement, aux Antilles, la Marine nationale intercepte des navires de trafiquants partis d’Amérique latine, en coordination avec le Joint Interagency Task Force South (JIATF-S), une unité basée en Floride. Pour cette mission, elle dispose notamment de deux frégates de surveillance (le Ventôse et le Germinal) et seulement un hélicoptère Panther. Il va s’en dire qu’à force de rogner sur les moyens pour des raisons d’économies, à force, il ne restera plus grand chose (pour ne pas dire rien) pour contrer le narcotrafic.

Cette question a été évoquée lors de l’audition de l’amiral Edouard Guillaud, le chef d’état-major des armées (CEMA), devant les députés de la commission de la Défense et des Forces armées, dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances 2014.

« La lutte contre les narcotrafics représente une belle réussite, mais la pénurie de moyens constitue une faiblesse structurelle » et « induit une perte d’efficacité opérationnelle, mais aussi une baisse de crédibilité de notre pays par rapport à nos alliés », s’est inquiété le député Gwenegan Bui, rapporteur pour avis de la commission des affaires étrangères. D’où sa question posée au CEMA : « La LFI (ndlr, Loi de finances intiale) et la LPM (ndlr, Loi de programmation militaire) vous donnent-elles les moyens de répondre à ces insuffisances? »

Poser la question, c’est déjà presque y répondre… Bien que les « éléments de langage » du ministère de la Défense mettent en avant un « budget sanctuarisé », il n’empêche que, dans la zone Caraïbe, dixit l’amiral Guillaud, la Marine nationale n’a « pas assez d’heures de vol pour les Falcon 50 », qu’elle ne dispose pas « d’hélicoptères en nombre suffisant » et qu’elle « manque parfois de bateaux ».

« La lutte contre le narcotrafic fait partie de l’action de l’État en mer, qui représente environ un tiers de l’activité de la Marine nationale. Celle-ci coopère depuis des années avec les douanes, notamment dans l’Atlantique et dans la zone des Caraïbes. Mais, si nos demandes de mutualisation interministérielle sont toujours accueillies avec enthousiasme, c’est toujours le ministère de la Défense qui se voit obligé de payer », a expliqué le CEMA.

Et comme souvent en France, le provisoire s’inscrit dans la durée… « Ce qui, à la fin des années 1990, ne devait représenter qu’une réduction temporaire dure depuis près de vingt ans, sans que l’on n’ait jamais réussi à redresser la situation », a fait valoir l’amiral Guillaud, qui a encore insisté sur les « promesses de participation des autres ministères » qui « ne sont jamais suivies d’effet » alors que le travail de la Marine nationale « dans ce domaine leur est également utile ».

« Comme la lutte contre le narcotrafic est menée à l’échelle internationale, a encore poursuivi le CEMA, cette insuffisance de moyens peut nous desservir ». Mais pour le moment, l’efficacité des marins et des aviateurs « vaut pour l’heure une crédibilité intacte ». Pour combien de temps encore?

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