M. Le Drian explique pourquoi le 1er Régiment Etranger de Cavalerie sera transféré à Carpiagne

Avec 23.500 postes supplémentaires à supprimer dans le cadre de la prochaine Loi de programmation militaire, inévitablement, des unités sont appelées à être transférées voire dissoutes. Même si les armées n’ont pas vocation à faire de l’aménagement du territoire, le choix des villes de garnison concernées par une éventuelle fermeture est compliqué car il faut prendre considération l’intérêt opérationnel tout en veillant à ne pas provoquer de traumatismes économiques trop importants.

Du moins, telle est la démarche du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Ce dernier l’a rappelée lors d’un déplacement au 2e Régiment d’Infanterie de Marine (RIMa), le 14 octobre. « Lorsque j’étais élu local, j’ai connu des restructurations, avec des méthodes qui ont pu être brutale. Ce ne sont pas les miennes. Pour ma part, je serai dans le dialogue, avec les élus comme avec les personnels, car ce sont eux qui font vivre au quotidien les liens fondamentaux qui unissent les territoires avec les armées. Ces liens, je veux les préserver au maximum. Cela demande donc de prendre le temps, pour ajuster au mieux les décisions que nous prendrons », a-t-il affirmé.

Voilà donc pourquoi le ministre n’a annoncé que des décisions limitées, au début du mois, au sujet des restructurations à venir. En tout cas, M. Le Drian réfute un quelconque lien avec les prochaines élections municipales… En attendant, lors d’une audition devant la commission sénatoriale des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées, il a donné quelques raisons qui ont motivé les choix rendus publics récemment.

Alors que maire d’Orange, Jacques Bompard, ne voyait pas l’intérêt de transférer le 1er Régiment Etranger de Cavalerie à Carpiagne où il y remplacera le 4e Dragons, dissous, le ministre de la Défense a justifié cette décision en affirmant que l’implantation dans la Cité des Princes « aurait nécessité des travaux trop importants pour accueillir les véhicules du programme Scorpion », qui n’arriveront au mieux qu’en 2018/19. « Ce régiment verra ainsi ses capacités d’entraînement augmentées et il se rapprochera d’Aubagne », a-t-il ajouté, c’est dire du siège de la maison-mère de la Légion étrangère, tout en faisant valoir que la base aérienne 115 sera maintenue.

Le départ de la BA 102 de Dijon-Longvic de l’escadron d’entraînement 2/2 Côte d’Or s’explique par la volonté d’opérer un regroupement des Alphajet à Cazaux (siège de l’École de Transition Opérationnelle ETO / 8ème WING) et par la sous-utilisation de la plate-forme aéronautique bourguignonne depuis le départ des Mirage 2000-5 du Groupe de chasse 1/2 Cigognes vers la BA 116 de Luxeuil.

Cette dernière va perdre son Escadron de défense sol-air (EDSA) 04.950 « Servance », pourtant doté du Système air-sol moyenne portée / terrestre (SAMP/T ou Mamba) pour la simple et bonne raison, a affirmé M. Le Drian, qu’il n’est « plus nécessaire à cet endroit ».

Au registre des fermetures, celle du détachement de Varennes-sur-Allier sera la « plus difficile », selon le ministre. Là, exactement 209 postes seront supprimés d’ici 2015 (93 civils et 116 militaires). « Il faut regrouper le stockage dans des sites plus denses », a avancé Jean-Yves Le Drian.

« J’ai rencontré longuement les élus (…); tous les mesures d’accompagnement nécessaires seront prises en dépit du faible nombre de civils concernés », a-t-il poursuivi, les militaires devant être réaffectés ailleurs. « Un contrat de redynamisation des sites de défense (CRSD) sera ainsi mis en place, ce qui n’était pas prévu à l’origine », ainsi qu’un « dispositif social pour les civils », a-t-il précisé.

S’agissant toujours de l’armée de l’Air, la BA 105 d’Evreux, qui avait gagné des postes lors de la précédente restructuration, va en perdre lors de la suivante. Le ministre n’en a pas précisé le nombre. En tout cas, c’est une surprise étant donné que rien à ce sujet n’avait été dit dans la note d’information sur les restructurations diffusée le 3 octobre dernier, pas plus, d’ailleurs, que ne l’avait été la réduction des effectifs sur la base 901 de Drachenbronn.

En revanche, la BA 110 de Creil perdra la Direction du renseignement militaire (DRM), laquelle sera localisée à Balard et, plus généralement, les états-majors de soutien de la défense seront dissous, afin de « fluidifier la gesion des bases de défense », a expliqué M. Le Drian. « Cela concerne 500 personnes », a-t-il précisé.

La garnison de Castelnaudary menacée?

Concernant les autres fermetures à venir, le ministre a donné le conseil de « ne pas écouter les différentes rumeurs ». On le sait, certaines concernent le 3e Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine (RPIMa) et le 110e Régiment d’Infanterie. Alors que Castelnaudary, ville de garnison du 4e Régiment Etranger de la Légion étrangère, avait été épargnée par les bruits de coursive, le ministre l’a citée dans les décisions qu’il aura à prendre d’ici l’an prochain, à la même période.

« A Dijon, comme à Varennes-sur-Allier ou Luxeuil-les-Bains, nous avons décidé en toute objectivité et dans le souci de préserver la cohérence de notre carte militaire. Nous prendrons les décisions relatives à la prochaine tranche de restructurations l’année prochaine (…). Celle relative au 3e RPIMa n’a donc pas été prise, ni celle relative à Castelnaudary. Lorsqu’elles le seront, nous préviendrons bien entendu les collectivités concernée », a-t-il lâché.

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