Remous à Tripoli après la capture d’un responsable d’al-Qaïda par les forces spéciales américaines

A priori, Nazih Abdel Hamed Al-Raghie, alias Abou Anas al-Libi, serait actuellement aux mains du High Value Detainee Interrogation Group, à bord du navire américain USS San Antonio, qui croise en Méditerranée.

Ce responsable d’al-Qaïda, qui était alors recherché pour son implication dans les attentats contre les ambassades américaines de Nairobi (Kenya) et de Dar es-Salaam (Tanzanie) en août 1998, a été « cueilli » à Tripoli par une équipe des Navy Seals, le 4 octobre.

Seulement, cette opération suscite quelques remous en Libye. Ainsi, les autorités de Tripoli ont qualifié la capture d’al-Libi d' »enlèvement ». En outre, le Congrès général national (CGN), qui est la plus haute autorité politique du pays, a souligné « la nécessité de la remise immédiate du citoyen libyen » tout en évoquant une « violation flagrante de la souveraineté nationale » par les Etats-Unis.

Dans le même temps, le gouvernement libyen a convoqué l’ambassadrice américaine en Libye, Deborah Jones, pour obtenir des « éclaircissement » sur cette opération, qui a été menée dans le cadre de la procédure d' »extraordinary rendition rendition » qui, formalisée dans les années 1990 par le président Clinton via la Presidential Decision Directive 39, permet d’appréhender un terroriste présumé sans s’embarrasser des procédures d’extradition.

Pour autant, le Premier ministre libyen, Ali Zeidan, a assuré, lors d’un déplacement au Maroc, que cette affaire n’allait pas affecter les relations entre Tripoli et Washington. Visiblement, ses propos n’ont pas été du goût de tout le monde en Libye. Ce qui a donné lieu, ce 10 octobre, à une situation rocambolesque.

Ainsi, Ali Zeidan a été enlevé par des hommes armés dans les murs de l’hôtel Corinthia, où il réside. Une information confirmée par le gouvernement libyen, qui a indiqué que le Premier ministre « a été conduit vers une destination inconnue pour des raisons inconnues par un groupe ».

Dans un premier temps, la « Chambre des révolutionnaires de Libye » et la « Brigade de lutte contre le crime », deux groupes d’ex-rebelles, ont été soupçonnés d’avoir commis ce rapt. Finalement, ce dernier a été revendiqué par la « Cellule des opérations des révolutionnaires de Libye », qui, censée agir sous l’autorité des ministères de la Défense et de l’Intérieur, a afirmé avoir arrêté Ali Zeidan sur « ordre du parquet », conformément aux articles relatifs aux « crimes et délits préjudiciables à l’Etat » et aux « crimes et délits préjudiciables à la sûreté » de l’Etat du code pénal libyen.

Finalement, la détention du Premier ministre libyen n’aura duré que le temps d’une matinée. Libéré, il a pu se rendre au siège du gouvernement, où il a été accueilli par plusieurs ministres et des membres du CGN.

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