L’opération américaine en Somalie a visé un jihadiste lié aux attentats de Nairobi et de Dar es Salaam

A l’heure qu’il est, Nazih Abdul Hamed al-Raghie, Abou Anas al-Libi, est à bord d’un navire de l’US Navy croisant en Méditerranée. De nationalité libyenne, ce responsable présumé d’al-Qaïda a été capturé par les forces spéciales américaines à Tripoli, le 4 octobre. Seulement, les autorités libyennes ont fait valoir qu’elles n’avaient pas été préalablement informées de cette opération  et ont ainsi demandé des « explications » à Washington.

Le responsable de la diplomatie américaine, John Kerry, a sous-entendu que le gouvernement libyen avait été tenu à l’écart de cette opération – c’est dire si la confiance placée aux successeurs du colonel Kadhafi est toute relative. « Les Etats-Unis font tout ce qui est en leur pouvoir et qui est approprié et légal afin de mettre fin à la menace terroriste », a-t-il déclaré, le 7 octobre. « Nous n’avons pas pour habitude d’entrer dans les détails de nos communications avec un gouvernement étranger concernant toute opération de la sorte », a-t-il ajouté.

Ancien membre du Groupe islamique de combat libyen (GICL) avant de rejoindre Al-Qaïda, Abou Anas al-Libi était recherché par Washington, qui avait sa tête à prix pour 5 millions de dollars, pour son implication dans les attentats contre les amabassades américaines de Nairobi (Kenya) et de Dar es Salaam (Tanzanie) en août 1998. Un autre terroriste mêlé à cette affaire a quant à lui fait l’objet d’une autre opération, quasiment en même temps, mais cette fois en Somalie.

L’on se demandait quel était le responsable des Shebab somaliens, à l’origine de l’attaque d’un centre commercial à Nairobi, le 22 septembre dernier, ciblé par une opération des Navy Seals à Barawe, au sud de Mogadiscio. La réponse a été donnée ce jour par un responsable américain. Ainsi, il s’agissait d’Abdulkadir Mohamed Abdulkadir, alias Ikrima, un ressortissant kényan d’origine somalienne, connu pour avoir tenté de mener des attaques terroristes au Kénya.

Mais il était aussi recherché par les Etats-Unis pour avoir eu des liens avec Saleh Ali Saleh Nabahn (tué en 2009 lors d’un raid américain près de Barawe) et Harun Fazul (tué en 2011 à Mogadiscio au cours d’un contrôle de police). Or, ces deux hommes ont aussi été impliqué dans les attentats de 1998.

Cela étant, il n’est pas encore établi si Abdulkadir, qui dirige les combattants étrangers enrôlés par les shebab, a été tué ou non par les Navy Seals, lesquels ont été contraints de se replier avant d’en avoir une confirmation. « Le personnel américain a pris toutes les précautions nécessaires pour éviter de tuer des civils et ils se sont désengagés après avoir fait quelques victimes chez les shebab », a confié un responsable à Washington.

La question que l’on peut se poser est de savoir pourquoi les forces américaines n’ont pas eu recours à un drone pour éliminer Abdulkadir, comme elles l’ont fait pour d’autres responsables de la mouvance jihadiste, que ce soit au Yémen, au Pakistan et même en Somalie. L’explication qui a été donnée est que les informations obtenues par les services de renseignement firent état de la présence d’une douzaine de non-combattants dans la villa occupée par le dirigeant shebab. Aussi, il fallait limiter les risques de dommages collatéraux. D’où le recours à une opération commando, qui n’a donc apparemment pas donné les résultats escomptés…

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