Le coût d’entretien des drones tactiques Sperwer a explosé

Comme souvent en France, ce qui doit être provisoire est appelé à durer. Tel le cas du drone tactique Sperwer, lancé par Sagem en 2001 et acquis par l’armée de Terre dans l’attente du drone multi-capteurs multi-missions (MCMM) et pour remplacer les appareils CL-289 Crécerelle. D’où son nom de SDTI (système de drone tactique intérimaire).

Mis en oeuvre par le 61e Régiment d’Artillerie (RA), le Sperwer est doté de caméras lui permettant d’assurer des missions de surveillance et de renseignement en volant à une altitude de 3.500 mètres. D’une autonomie de 4 à 5 heures, il décolle au moyen d’une rampe et atterrit grâce à un parachute et des coussins gonflables.

Le SDTI a été évoqué par le sénateur Daniel Reiner, qui a présenté le 35ème rapport d’ensemble du Comité des prix de revient des fabrications d’armements (CPRA) aux membres de la commission des Affaires étrangères et des Forces armées.

Ainsi, l’on apprend que, fin 2011, sur les 30 drones Sperwer livrés à l’armée de Terre, 13 ont été perdus en opération (notamment en Afghanistan). Selon le sénateur Reiner, sur 17 encore en dotation, de « nombreux drones sont en réparation ».

Si le lancement du programme SDTI a donné lieu à quelques péripéties, l’acquisition des Sperwer s’est élevée 77 millions d’euros, soit 9 millions de plus par rapport à ce qui avait été prévu. Jusque-là, il n’y aurait pratiquement rien à en redire si ce n’est que le coût du maintien en condition opérationnelle (MCO) s’est quant à lui envolé.

Initialement, l’enveloppe pour assurer l’entretien des systèmes pendant 7 ans et une opération extérieure (opex) avait été estimée à 48 millions d’euros. Il en aura finalement coûté, pour 10 ans et 3 opex, 196 millions d’euros, soit 4 fois plus!. « Le coût total de possession constaté sur 10 ans est de 273 millions d’euros, alors qu’il était évalué à l’origine à près de 116 millions d’euros », a expliqué Daniel Reiner.

Selon toute vraisemblance, le successeur du SDTI devrait être le Watchkeeper, un drone développé par Thales UK sur la base de l’Hermes 450, un appareil conçu par le constructeur israélien Elbit. Ce choix est dicté par les accords de Lancaster House de novembre 2010, passés par le Royaume-Uni.

Seulement, le drone de Thales UK ne semble pas donner entière satisfaction. « Actuellement, les essais du Watchkeeper, qui n’est toujours pas déclaré opérationnel, se poursuivent au Royaume-Uni et en France. La version définitive n’est toujours pas acquise. Les résultats ne sont pas encore ceux que nous espérions. (…) Nous sommes montés dans le train sans ajouter de sur-spécifications, qui auraient rendu la coopération impossible, retardé le système, et rendu le projet financièrement bien plus difficile. Notre volonté dans ce domaine est très nette », a commenté, le mois dernier, l’amiral Edouard Guillaud, le chef d’état-major des armées (CEMA).

Pour le sénateur Reiner, le choix du Watchkeeper n’est « pas nécessairement la bonne solution » car « ce drone ne fonctionne pas actuellement » et que « l’intérêt de l’Etat serait mieux satisfait dans le cas d’espèce par un appel d’offres ». Ce qui ouvrirait une perspective pour Sagem et son Patroller… Cet appareil a une autonomie d’une trentaine d’heures et peut voler jusqu’à 300km/h tout en emportant près de 250 kg de charge utile (caméra thermique, radar, optronique, capteurs, etc…).

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