Les Sentinelles de l’Agora sonnent la charge contre le « démantèlement de l’institution militaire »

C’est un constat : les orientations de la politique de défense telles qu’elles ont été définies par le dernier Livre blanc et le projet de Loi de programmation militaire qui en découle ne suscitent pas de grands débats publics. Reste le Parlement alors… Mais le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a pris les devants en disant qu’il avait des « munitions en soute » si jamais certains responsables de l’ancienne majorité avait quelques velléités de croiser le fer.

Ce débat, d’anciens officiers supérieurs et généraux appartenant au cercle de réflexion « Les sentinelles de l’Agora », entendent bien l’amorcer, avec la diffusion d’un « Manifeste pour la sauvegarde de nos armées » au ton pour le moins corrosif.

A la différence de l’éphémère et mystérieux Mouvement « Marc Bloch », composé de « lieutenant » et dont on n’a plus entendu parler depuis la publication d’une tribune qui a un peu fait parler, le cercle des « Sentinelles de l’Agora » existe depuis plusieurs années. Il était d’ailleurs intervenu lors de la campagne de l’élection présidentielle de 2007 en adressant une lettre ouverte aux différents candidats.

Dans leur manifeste, les Sentinelles de l’Agora n’hésitent pas à parler « d’entreprise de démolition » de l’armée française, réduite à « l’état d’échantillon » en moins de 50 ans à cause notamment des « impératifs de l’Etat providence et la volonté des post-modernes d’en finir avec le fracas des armes ».

Déplorant sur la relégation de la « force militaire » au statut d’une « société de service que l’on rétribue à la tâche », le texte estime que le soldat est « ravalé à la fonction d’homme de peine de la République, est prié de verser son sang dans le silence et l’indifférence en se soumettant aux règles strictes d’un devoir d’Etat pourtant largement déserté par ceux censés le faire mettre en œuvre et le faire respecter. »

Aussi, le manifeste fait valoir que « c’est (…) une grande faute que de sacrifier le bras armé de la France au gré des idéologies de rencontre et de quelques embarras financiers. » Mais ses auteurs ne font pas que dénoncer : ils avancent aussi des solutions pour « rétablir une institution » qu’ils qualifient de « comateuse ».

Sans donner trop de détails, trois sont mises en avant : une « répartition équilibrée, entre l’exécutif et le Parlement, des responsabilités » en matière militaire, un budget « décent » pour permettre aux armées d’assurer leurs missions sans avoir besoin du « soutien déterminant des Etats-Unis », et des « effectifs suffisants » sans lesquels il n’est pas possible de « marquer dans la durée la volonté et la détermination de la Nation ».

Sur ce dernier point, le manifeste suggère un retour à conscription étant donné qu’il y est estimé que « les citoyens en armes » doivent « impérativement revenir au centre de notre dispositif sécuritaire et identitaire ».

Enfin, la conclusion de ce manifeste ne devrait pas manquer de faire réagir. Evoquant « le contrat de confiance de la République avec ses soldats », le texte estime qu’il « devient urgent de lui redonner la vigueur indispensable sans qu’il soit besoin de recourir à des formes de représentation qui, bien qu’étrangères à notre culture militaire, pourraient s’avérer, un jour peut-être proche, le seul moyen pour nos soldats de se faire entendre. »

Lire le Manifeste :

Manifeste Des Sentinelles de l'Agora by LeMonde.fr

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