Le chef d’état-major de l’armée de Terre redoute une dégradation des conditions de vie dans les régiments

Jusqu’en 2016, le montant du budget de la Défense restera au même niveau qui était le sien en 2012, c’est à dire qu’il sera de 31,4 milliards d’euros. Ce qui signifie qu’il ne suivra pas l’évolution de l’inflation, qui est d’environ 2% par an en moyenne. Il s’agit de la contribution des forces armées à l’effort de redressement des comptes publics et au désendettement du pays. Seulement, au vu des estimations du dernier projet de loi de finances initiale, l’on s’aperçoit que la dette continuera à grimper. Passons…

Toujours est-il que cela suppose de faire des économies. Et la prochaine Loi de programmation militaire affiche l’objectif d’en réaliser à hauteur de 600 millions d’euros pendant la période 2014-2019 sur les dépenses de fonctionnement.

« Ces mesures d’économie s’appliqueront alors que le fonctionnement est déjà marqué par une très forte rigidité des dépenses. Au bilan, l’objectif est de contenir les coûts de structure hors OPEX à environ 3,5 milliards d’euros par an en moyenne sur la période 2014-2019 », a récemment souligné l’amiral Edouard Guillaud, le chef d’état-major des armées (CEMA), devant les sénateurs de la commission des Affaires étrangères et des Forces armées.

Aussi, ce dernier estime que « cette très forte contrainte sur le fonctionnement se répercutera sur les conditions de vie et de travail du personnel, d’autant que, dans le domaine de l’infrastructure, les ressources ne permettront plus de satisfaire nos objectifs de maintenance préventive. »

Et pour cause : « le  ratio de maintenance par mètre carré restera ainsi très inférieur au ratio considéré comme satisfaisant : 4 euros par mètre carré alors qu’on estime qu’il en faut 11! », a-t-il expliqué.

Bien évidemment, les conditions de vie et de travail ne sont pas sans influence sur le moral des troupes. Ce qui inquiète le général Ract-Madoux, le chef d’état-major de l’armée de Terre, et cela d’autant plus que les crédits qui étaient prévus dans la LPM qui s’achève pour l’entretien et la réhabilitation des « infractuctures de vie courante » n’ont pas été au rendez-vous.  »

« A titre d’exemple, initialement prévue en 2013, la fin du plan d’hébergement des militaires du rang, le plan Vivien, a dû être reporté en 2017, obligeant beaucoup d’entre eux à être logés dans des conditions précaires », a-t-il expliqué, le 18 septembre dernier, au Sénat.

« Ces reports d’investissement se traduisent donc par d’importants besoins en maintien en condition que la LPM 2009-2014 n’a pas permis de satisfaire. Il en résulte un retard dans les opérations de maintenance qui exigera un effort accru en ressources pour être comblé. Il s’agit d’une préoccupation majeure car touchant les conditions de vie et de travail, ces mesures affectent directement le moral du personnel », a encore ajouté le CEMAT.

Outre les infrastructures, les économies portant sur les dépenses de fonctionnement affectent également les domaines de l’alimentation et de la formation. « J’ai ainsi été amené en 2013 à réduire, pour l’armée de Terre, le coût des denrées par repas à 3,20 euros », a affirmé le général Ract-Madoux. Et il serait même question de supprimer les stages d’aguerrissement à Djibouti et en Guyane pour les jeunes officiers, ce qui, a-t-il estimé, « les priverait d’évidence d’une expérience opérationnelle pourtant indispensable ».

Aussi, pour le CEMAT, il « faut éviter que la dégradation des conditions de vie et de travail et que l’enchaînement des réformes n’affectent la motivation et la satisfaction que leur engagement procure à nos soldats ».

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