L’avion de combat F-15 SE de Boeing ne s’impose pas en Corée du Sud

Dans le cadre de l’appel d’offres lancé par Séoul afin de remplacer les F-5 Tiger encore en service au sein de ses forces aériennes (Republic of Korea Air Force, ROKAF), le F-15 Silent Eagle de Boeing faisait figure de grand favori face au F-35 Lightning II de Lockheed-Martin et le Typhoon du consortium Eurofighter.

Et sa cote avait même augmenté quand, en août dernier, il avait été sous-entendu que la candidature du F-35 allait être écarté étant donné que l’offre faite par Lockheed-Martin dépassait l’enveloppe de 5,6 milliards d’euros prévue pour l’achat de 60 nouveaux appareils de combat.

Même si la Corée du Sud a ouvert son marché militaire aux entreprises américaines – la modernisation des F-16 de la ROKAF a été confiée à BAE Systems en 2012 – la victoire de l’Eurofighter Typhoon semblait peu probable. Et cela d’autant plus que Séoul avait déjà commandé une version plus ancienne du F-15 en 2002. La cohérence voulant une certaine homogénéité entre les flottes d’avions de combat, la victoire ne pouvait échapper à Boeing. Du moins pouvait-on le penser…

Car, coup de théâtre, Séoul a annoncé, ce 24 septembre, son intention de reprendre depuis le début le processus d’appel d’offres. « Une majorité des membres du comité (de la DAPA, l’équivalent sud-coréen de la DGA française) ont décidé de rejeter (le F-15) et de recommencer le projet », a ainsi fait savoir Kim Min-seok, un porte-parole du ministère de la Défense.

Cela étant, la victoire annoncée du F-15 SE avait été vigoureusement dénoncée par 17 anciens responsables de la ROKAF qui, dans une pétition adressés aux autorités sud-coréennes, remettaient en cause la « règle irrationnelle voulant que tout avion dépassant le budget de 8.300 milliards de wons ne peut pas être sélectionné » tout en reprochant que l’avion de Boeing d’être basé « sur un modèle des années 1970 », donc, ne disposant pas des capacités furtives du F-35…

« Nous ne pouvons pas choisir des voiturettes à la place de berlines simplement parce qu’elles sont moins chères », avait alors fait valoir l’un des signataires, le général Kim Hong-rae, ancien chef d’état-major  de la RoKAF, de 1994 à 1995.

Quoi qu’il en soit, ces anciens généraux, dont la préfénce pour le F-35 était plus que sous-entendue,  ont eu gain de cause. Selon le porte-parole du ministère sud-coréen de la Défense, la DAPA a pris en compte « la situation actuelle sur la sécurité, le programme nucléaire nord-coréen (…) et le développement rapide de la technologie aéronautique ».

Ce dernier a également précisé que la nouvelle procédure devrait prendre « environ un an ». « Nous allons accélérer les choses afin de nous assurer que le vide dans notre défense nationale soit limité à un minimum de temps », a-t-il ajouté. Cependant, il n’y a quand même pas le feu au lac… Sauf éléments inconnus du grand public, les avions de combat mis en oeuvre par Pyongyang ont plus leur place dans un musée de la guerre de Corée que dans des unités opérationnelles, l’appareil le plus récent en dotation étant le MiG-29. Et encore, en nombre limité.

En attendant, plusieurs options vont être revues avant de lancer un nouvel appel d’offres. Le nombre d’avions susceptibles d’être commandés pourrait évoluer, de même que la période de financement. En clair, tout pour favoriser le F-35…

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