La modernisation des avions de patrouille maritime Atlantique 2 bientôt lancée

En 2010, le Royaume-Uni a fait une croix sur ses avions de patrouille maritime (PATMAR), avec le retrait des Nimrod MR2 de la Royal Air Force (RAF) et l’abandon du programme Nimrod MRA4. Ce qui porte atteinte à la crédibilité de la dissuasion britannique dans la mesure où cette décision pose des problèmes concernant la protection des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la Royal Navy lors des phases d’entrée et de sortie de leur base de Faslane (Ecosse).

En France, où la dissuasion est sanctuarisés, il n’est évidemment de connaître pareille situation. Même si les avions Atlantique 2 de la Marine nationale peuvent être engagés dans des opérations de type Serval pour des missions de renseignement, voire même de frappes, il n’en reste pas moins que leur rôle principal est de veiller sur les SNLE français grâce à leurs capacités anti-sous-marine.

Or, compte tenu de la prolifération des sous-marins classiques plus performants que par le passé, ces appareils, dont les premiers sont entrés en service en 1988, ont un besoin urgent d’être modernisés pour durer au moins jusqu’en 2032, ce qui laissera du temps pour trouver une nouvelle solution -qui reste encore inaccessible pour les finances du ministère de la Défense -pour les remplacer.

Prévue lors de la dernière Loi de Programmation Militaire (LPM), cette rénovation, qui devait porter initialement sur 22 exemplaires de l’Atlantique 2 sur les 27 livrés à la Marine nationale, a sans cesse été repoussée. Il s’agit bien évidemment de traiter les obsolescences de ces appareils mais aussi de remplacer, voire d’ajouter, certains équipements (système de combat, calculateur tactique, capteurs divers, boule optronique, capacités de traitement des bouées de détection sous-marin et radar dont il a été dit qu’il pourrait être à antenne active).

Ce dossier pourrait enfin aboutir si l’on en croit LaTribune.fr, qui annonce la notification prochaine du contrat de modernisation des Atlantique 2 à Dassault Aviation, Thales et le service industriel de l’aéronautique (SIAé). Ce dernier pourrait officialisé par Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, dans les « prochains jours ».

Le montant de ce contrat est évalué à 400 millions d’euros alors que l’estimation haute du coût de la refonte de ces avions PATMAR était de 700 millions. Il ne concernera non plus 22 mais seulement 15 Atlantique 2. Le constructeur de cet appareil, Dassault Aviation, obtiendrait 200 millions dans le cadre de ce marché tandis que Thales recevrait 130 millions.

Dotés d’une grande autonomie, les Atlantique 2 sont au four et au moulin. Outre la mission de protection des SNLE, ils sont utilisés pour des missions de renseignement, de surveillance maritime afin de détecter les trafics illicites en tout genre et de lutte contre la piraterie.

Sans doute que la mise en service de drones MALE Reaper, commandés auprès du constructeur américain General Atomics, les soulagera de certaines tâches liées au renseignement. D’ailleurs, avec seulement 15 appareils, l’on voit mal comment il pourrait en aller autrement, aucune machine n’ayant le don d’ubiquité…

Quant au remplacement de l’Atlantique 2, cela fait maintenant plus de 15 ans qu’il en question, Serge Dassault ayant même annoncé, à l’occasion du Salon du Bourget de 1995, que des études avaient été lancées à cette fin.

« Une réflexion (ndlr, l’étude PATMAR 2030) est menée de front par l’État-major de la Marine et l’État-major des Armées afin de dégager les besoins futurs en matière de patrouille, surveillance et intervention maritime », a cependant indiqué, en 2011, le capitaine de frégate Henri-Bénédict Trippier de Lagrange, alors responsable du son projet de rénovation des Atlantique 2. Et de préciser : « Elle n’est encore qu’à l’état d’ébauche : l’avion de patrouille maritime est aujourd’hui le meilleur vecteur pour la lutte ASM, mais à l’horizon 2030, peut-être les drones de combat auront-ils suffisamment évolué pour prendre en charge tout ou partie de cette mission… »

Photo : (c) Marine nationale

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