Vers un engagement militaire français accru en Centrafrique?

En novembre 2006, Bangui, la capitale de la République centrafricaine (RCA), était menacée par l’avancée des rebelles de l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR), partis du Soudan pour renverser le président Bozizé. Ces derniers s’étaient même emparés de la ville de Birao, située dans le nord-est du pays. Mais cette offensive tourna court, grâce à l’intervention de parachutistes et de Mirage F1 français.

Quelques mois plus tard, en mars 2007, rebelote! Cette fois, ce sont les légionnaires de la 13e Demi-Brigade de Légion Etrangère (DBLE) qui furent sollicités pour intervenir à nouveau à Birao, avec l’appui des incontournables Mirage F1. En décembre 2010, de nouveaux affrontements amenèrent les troupes tchadiennes à y rétablir l’ordre, au nom des autorités centrafricaines.

Depuis, la Centrafrique était sortie des écrans radar, la présence de troupes de la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC), dans le cadre de Force multinationale en Centrafrique (FOMUC), puis de la Mission de consolidation de la paix en Centrafrique (MICOPAX) ainsi que de celle des forces françaises de l’opération Boali ayant permis d’instaurer un semblant de stabilité.

Seulement, la situation s’est à nouveau dégradée à la fin de l’année 2012, avec l’apparition de la Séléka, une coalition de différents mouvements rebelles. Pendant un temps, cette dernière avait menacé Bangui mais un accord politique fut finalement trouvé avec le pouvoir centrafricain. Quant à la France, elle était restée à l’écart, la seule décision prise ayant de renforcer les effectifs de l’opération Boali en y envoyant 2 compagnies de légionnaires (2e REI et 2e REP) en provenance du Gabon.

L’on aurait pu en rester là… Sauf qu’au printemps dernier, la Séléka a repris les hostilités pour arriver finalement à son objectif, c’est à dire le renversement du régime du président Bozizé. Depuis, la situation est devenu catastrophique, que ce soit d’un point de vue sécuritaire et humanitaire. Selon un rapport des Nations unies publié en août, la Centrafrique est en passe de devenir un Etat failli, et cela, malgré les efforts de l’Union africaine, qui a décidé d’y envoyer 3.600 soldats dans le cadre de la MISCA (Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine).

En outre, des tensions religieuses se font jour et le chaos centrafricain profite à des mouvements armés (LRA, Armée de résistance du Seigneur, groupes jihadistes) qui y trouvent refuge.

« Si on n’y fait pas attention, demain, ça peut devenir un sanctuaire terroriste. Si on ne fait rien, on peut être surpris, demain, comme on a été surpris au Mali », a estimé le président tchadien, Idriss Déby Itno, au sujet de la situation en Centrafrique, lors d’une conférence de presse donnée à Bamako, le 19 septembre.

Et la France dans tout ça? Lors de la Conférence des ambassadeurs, le 27 août, le président Hollande a appelé « l’Union africaine et le Conseil de sécurité à se saisir de cette situation. » Et de préciser que « la France les y aidera ».

A Bamako, où il s’est rendu pour assister à la cérémonie d’investiture de son homologue malien, Ibrahim Boubacar Keïta, François Hollande a affirmé, après avoir admis que la crise centrafricaine était passée « au second plan » en raison de l’opération Serval, qu’il « ne resterait pas sur la réserve par rapport à ce qui se passe en Centrafrique. » Car, a-t-il continué, le « chaos engendre le terrorisme. » Et d’ajouter : « Ce qui étair une nouvelle convulsion, un coup d’Etat, est devenu, d’un certain point de vue, une confrontation religieuse. »

Plus tard, devant des militaires français engagés dans l’opération Serval, le président Hollande a de nouveau évoqué la situation centrafricaine. A cette occasion, il a laissé entendre que les effectifs de l’opération Boali pourraient être renforcés prochainement. « Les Français sont fiers de vous partout où vous êtes et notamment en Centrafrique, où nous aurons sans doute à être davantage présents », leur a-t-il confié.

Au 1er juillet 2013, les effectifs de l’opération Boali s’élèvent à 400 militaires issus notamment du 27e Bataillon de Chasseurs Alpins (BCA) et du 16e Bataillon de Chasseurs (BC). Leur mission est d’assurer la sécurité de l’aéroport de Bangui ainsi que celle des ressortissants français et européens.

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