La France et l’Espagne ont l’intention de renforcer leur coopération militaire

Interrogé sur d’éventuels partenariats militaires en Europe lors d’une audition devant la commission des Finances de l’Assemblée nationale, en juin dernier, le chef d’état-major des armées (CEMA), l’amiral Edouard Guillaud, avait répondu qu’il était possible « de developper une coopération globale avec d’autres pays que le Royaume-Uni, mais pas forcément avec les États importants auxquels on pense habituellement » étant donné qu’il faut d’abord partager une « vision stratégique commune ».

Et les Etats répondant à cet impératif ne sont pas nombreux si l’on en croit le CEMA. Le Danemark, la Norvège (non membre de l’Union européenne, ndlr) et la Suède en feraient partie, selon l’amiral Guillaud. Mais « le seul autre grand pays avec lequel nous partageons une vision stratégique commune est l’Espagne », avait-il alors avancé, en précisant que « les Espagnols (…) ont la même vision globale du monde que la nôtre et ils nous permettent de mieux comprendre l’Amérique du Sud. »

Il n’y a donc rien d’étonnant à ce qu’il y ait un renforcement de la coopération militaire entre Paris et Madrid. Et d’ailleurs, c’est l’objectif affiché de la déclaration publiée à l’issue du Conseil franco-espagnol de défense et de sécurité, qui s’est tenu le 16 septembre à Brest.

Tout d’abord, la France et l’Espagne entendent faire cause commune lors du  Conseil européen de décembre prochain consacré aux questions de défense afin de promouvoir auprès des Etats membres la nécessité de mettre en oeuvre une « approche globale » en matière de gestion de crise, via notamment l’emploi des groupements tactiques de l’UE (GTUE), de mutualiser certaines capacités en matière de projection et de renseignement, de renforcer l’industrie européenne de l’armement et d’appliquer une stratégie de sûreté maritime.

Au niveau bilatéral, la France et l’Espagne « souhaitent poursuivre et accroître leur coopération opérationnelle » dans les d’intérêts communs, c’est à dire en Méditerranée (lutte contre les trafics et sécurité des contingents des deux pays engagés au de la Finul, au Liban), au Sahel, dans le golfe de Guinée (répondre à la piraterie maritime et assurer la sécurité des ressortissants ainsi que celle des approvisionnements, en particulier énergétiques) et, enfin, dans la Corne de l’Afrique.

Par ailleurs, la déclaration précise que Paris et Madrid ont l’intention de « développer des processus opérationnels communs ». Il est ainsi question d’améliorer « les procédures juridiques » concernant la piraterie maritime, de chercher des « pistes de mutualisation de la fonction souien en opérations » en renforçant « l’interopérabilité des moyens et des procédures d’appui. » Des échanges « d’expertises » dans le domaine de la cyberdéfense sont également envisagés.

Dans le domaine maritime, la Marine nationale et l’Armada espagnole auront à améliorer leur coordination «  »afin de rendre (leur) présence plus efficiente » dans le golfe de Guinée et la Corne de l’Afrique. Au niveau des forces aériennes, il est prévu d’approfondir la coopération sur l’entrée en service et la mise en oeuvre de l’avion de transport tactique A400M.

Le texte indique que les forces terrestres des deux pays « envisagent d’élargir à d’autres champs les coopérations déjà engagées », en particulier dans le domaine aéromobilie, où il est question de « développer des synergies en matière de procédures et de maintenance des hélicoptères Tigre et NH-90. » Enfin, des échanges d’élèves officiers, voire même de professeurs, sont envisagés afin de permettre le développement d’une « culture commune. »

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