Le patron de Renault Trucks Défense plaide pour un rapprochement avec Nexter

La prochaine Loi de programmation militaire (LPM), en cours d’examen au Parlement, n’enchante pas beaucoup Gérard Amiel, le Pdg du groupe Renault Trucks Defense (RTD). Et il ne s’est pas privé de le dire devant les députés de la commission de la Défense et des forces armées, le 17 septembre.

Ainsi, selon lui, cette LPM « aura un impact négatif » sur l’activité des entreprises du secteur de l’armement terrestre ainsi que sur l’emploi. Et pour cause : alors que la précédente loi de programmation a permis la livraison de plusieurs centaines de VBCI (Véhicule blindé de combat d’infanterie) et d’un millier de PVP (Petit véhicule protégé), celle en cours de discussion prévoit la commande de seulement 102 VBCI et 92 VBMR (Véhicule blindé multi-rôle).

Il y a 4 ans, RTD réalisait un chiffre d’affaires, auprès du ministère français de la Défense, de 300 millions d’euros. Et ce montant est tombé à 180 millions en 2013, ce qui a des conséquences sur 250 emplois directs et de 500 autres chez les fournisseurs de l’industriel. En outre, M. Amiel dernier a évalué à 20% l’impact négatif de la LPM sur l’activité du groupe qu’il dirige.

Qui plus est, Panhard, acquis en 2012 par RTD, voit son carnet de commandes, tant en France qu’à l’exportation, se réduire. Et cela suscite, d’après M. Amiel, « beaucoup d’inquiétudes en ce qui concerne sa pérennité, ou du moins son activité en 2014? »

Aussi, pour le patron de RTD, la prochaine LPM pourrait se traduire par une « traversée du désert » pour le secteur français de l’armement terrestre. Car entre la livraison des derniers VBCI et celle des premiers VBMR, il y aura au moins 5 années de vaches maigres. Et cela, même si le programme Scorpion, structurant pour l’armée de Terre, est lancé. Car, a expliqué M. Amiel, son étalement dans le temps posera problème, dans la mesure où les entreprises appelées à y participer ne vivent pas que d’amour et d’eau frâiche….

D’où la nécessité d’un rapprochement entre RTD et Nexter, l’autre grand acteur français de l’armement terrestre. Or, des bruits publiés par la presse font état d’une allilance entre l’ancien Giat et l’allemand  Krauss-Maffei Wegman.

Pour Gérard Amiel, cela serait « prématuré et risqué ». Et d’expliquer : « Nous devrions plutôt réunir nos forces au niveau français, d’autant que Renault Trucks Defense et Nexter ne sont pas concurrents mais au contraire très complémentaires. Une fois unis, nous serions plus en mesure de mener des opérations de rapprochement avec des acteurs européens. »

Faute de quoi, a encore poursuivi M. Amiel, « si le paysage industriel est inchangé pendant les 5 années de traversée du désert que nous impose la Loi de programmation militaire, nous pouvons nous attendre à des conséquences graves sur la pérennité des sites, sur l’emploi et sur le maintien des compétences industrielles. » Seulement, Nexter est encore un groupe public, ce qui complique la donne. D’où l’appel du patron de RTD à « faire évoluer son statut ». S’il n’y a pas de volonté politique allant dans ce sens, « français peut être condamné à voir ses perspectives s’assombrir », a-t-il prévenu.

D’autant plus que l’objectif de voir arriver dans les unités de l’armée de Terre le VBMR, qui doit remplacer le VAB (au passage, il a été indiqué que 850 exemplaires sont actuellement en attente d’être réparés, faute de crédits) en 2018 « paraît un peu proche ». C’est ce qu’avait estimé, la semaine dernière, Christian Mons, l’ancien patron de Panhard. Et c’est ce qu’a confirmé M. Amiel, qui penche plutôt pour l’après 2020  afin d’assurer les « premières activités industrielles », à la condition toutefois que l’appel d’offres soit lancé en 2014.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]