Le Parlement suisse approuve l’achat de l’avion de combat Gripen

Une semaine après le Conseil national, c’est à dire la chambre basse du Parlement suisse, le Conseil des Etats, l’équivalent du Sénat en France, a approuvé, ce 18 septembre, l’achat de 22 avions de combat Gripen NG auprès du constructeur suédois Saab pour 3,126 milliards de francs suisses.

Pourtant, l’affaire paraissait mal engagée, étant donné que, en mars dernier, ce même Conseil des Etats avait accepté le principe de remplacer les F-5 Tiger actuellement en service au sein des forces aériennes suisses tout en refusant de voter l’enveloppe nécessaire pour financer l’acquisition des Gripen.

Il faut dire que ce dossier n’a pas manqué de susciter des polémiques. En compétition avec le Rafale de Dassault Aviation et le Typhoon du consortium Eurofighter, le Gripen avait obtenu de mauvaises notes lors de ses évaluations, lesquelles auraient dû rester confidentielles. Sauf qu’elle furent publiées par la presse, laquelle a mis en doute, d’ailleurs, le processus ayant abouti à la sélection de l’avion de Saab.

En outre, un rapport d’une sous-commission parlementaire avait émis de sérieuses réserves au sujet du contrat Gripen, sans pour autant le remettre en cause. « Le choix de l’appareil opéré par le Conseil fédéral est celui qui comporte le plus de risques – de nature technique, commerciale, politique, financière ou en lien avec le respect du calendrier », avait-il souligné.

Quoi qu’il en soit, Saab, qui a impérativement du contrat suisse pour continuer le développement de son Gripen E/F (ou NG), a su faire les concessions qu’il fallait, notamment en matière industrielle, afin de rassurer les parlementaires suisses.

Et cela a manifestement aidé Ueli Maurer à convaincre le Parlement à se rallier à la cause de l’avion suédois. Pour le président actuel de la Confédération, il n’y avait pas d’alternatives au Gripen. Pour résumer sa position, c’était soit cet avion ou rien du tout. « Nous avons la responsabilité en tant que petit pays neutre de prendre les précautions nécessaires pour assurer la sécurité de notre espace aérien », a commenté Ueli Maurer après le vote du Conseil des Etats.

Seulement, tout n’est pas encore terminé. Si le choix du Gripen ne peut pas être contesté par une votation populaire, ce n’est pas le cas de son mode de financement, qui se fera en ponctionnant, annuellement et sur 10 ans, 300 millions de francs suisses par an sur le budget de l’armée. Un scrutin devrait organisé au printemps prochain à ce sujet. Or, l’opinion publique suisse ne semble pas emballée par cet achat puisque 63% des personnes intérrogées récemment par l’institut Isopublic s’y disent opposées.

Par le passé, l’acquisition de F/A-18 par Berne avait également suscité de fortes réserves. Mais malgré des sondages défavorables, les électeurs suisses avaient fini par donner quand même leur accord. A l’époque, les autorités suisses firent campagne en affirmant qu’être contre cet achat revenait à être contre l’armée. Mais cette fois, il faudra certainement trouver autre chose…

En tout cas, le choix de Berne en faveur de l’appareil suédois a fait l’objet d’un commentaire plutôt acide d’Eric Trappier, le patron de Dassault Aviation. lors « Quant au Gripen, les Suisses, en l’achetant, admettent eux-mêmes qu’ils se déclassent en division d’honneur. Leur choix stratégique est de faire semblant d’avoir une aviation de combat tout en achetant le modèle le moins cher. Tant que l’on ne fait pas la guerre, ce n’est pas très grave », a-t-il lancé, lors d’une audition devant les députés de la commission de la Défense.

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