Syrie : Bachar el-Assad pose ses conditions pour démanteler son arsenal chimique

Les Nations unies ont indiqué, le 12 septembre, avoir reçu « un document en cours de traduction », qui est en fait la demande d’adhésion de la Syrie à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques (CIAC), entrée en vigueur en 1997. Il s’agit là de la première étape du plan proposé au régime syrien par la Russie afin d’éviter une intervention militaire menée par les Etats-Unis en réponse à l’attaque aux gaz neuro-toxiques lancée le 21 août dans la banlieue de Damas.

L’idée est de placer, dans un premier temps, l’arsenal chimique syrien sous contrôle international, c’est à dire celui de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), pour ensuite le détruire. Ce qui n’est pas une mince affaire, d’autant plus que cette opération se ferait dans un pays en proie à la guerre civile.

Mais l’on n’en est pas encore là. Dans un entretien accordé à la chaîne de télévision russe Rossiya 24, le président syrien, Bachar el-Assad, a posé ses conditions pour le démantèlement de son arsenal d’armes chimiques, alors que, dans le même temps, se tient à Genève une réunion entre diplomates américains et russes au sujet de ce dossier.

« Je veux qu’il soit clair pour tous que ces engagements ne seront pas remplis de manière unilatérale, cela ne veut pas dire que la Syrie va signer les documents, remplir les conditions, et qu’on s’arrête là », a commencé par dire Bachar el-Assad. « C’est un processus bilatéral », a-t-il ajouté.

Et de préciser : « Quand nous verrons que les Etats-Unis veulent effectivement la stabilité dans la région, cesseront de menacer, de chercher à (nous) attaquer, et de livrer des armes aux terroristes, alors nous considèrerons que nous pouvons mener le processus jusqu’au bout et qu’il sera acceptable pour la Syrie. »

En clair, se sentant en position de force, Bachar el-Assad met dans la balance son arsenal d’armes chimiques contre l’arrêt de l’aide américaine aux rebelles syriens. Selon le Washington Post, la CIA aurait commencé à livrer des armes à certains groupes d’insurgés depuis 15 jours pendant que le département d’Etat leur aurait envoyé des véhicules ainsi que d’autres matériels, précisément des équipements de communication et des kits médicaux. Cela, 3 mois après la promesse du président Obama faite à l’opposition de lui apporter un « soutien militaire ».

Pour autant, le président syrien a assuré que la menace d’une intervention militaire contre son régime n’avait en rien influencé sa décision de placer ses armes chimiques sous contrôle international. Cela étant, l’US Navy, qui compte 5 destroyers Arleigh Burk en Méditerranée orientale, est toujours mobilisée, prête à frapper « vite et fort », selon les termes de Ray Mabus, le secrétaire américain à la marine.

En acceptant la proposition russe visant à démanteler son arsenal chimique, le régime syrien cherche à gagner du temps. Ce processus, s’il est enclenché, ne sera pas terminé du jour au lendemain. D’abord, Damas peut toujours signer la CIAC tout en retardant sa ratification. La Birmanie et Israël sont actuellement dans cette position.

En outre, le travail des inspecteurs de l’OIAC sera compliqué. Et il le sera d’autant plus que, d’après le Wall Street Journal, les stocks d’armes chimiques syriennes auraient été disséminés depuis plusieurs mois sur une cinquantaine de sites par l’Unité spécialisée 450. Et cela met dans l’embarras les services de renseignement américains et israéliens, qui suivent pourtant de près l’arsenal syrien. « Nous en savons nettement moins qu’il y a six mois quant à la localisation de ces armes chimiques », a ainsi confié un responsable au quotidien économique.

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