La Marine nationale saisit plus de 20 tonnes de drogue à bord du cargo Luna-S

Un navire de la Marine nationale a arraisonné, le 8 septembre, le cargo Luna-S, battant pavillon tanzanien. Ce dernier avait été repéré par un avion des douanes françaises, alors qu’il naviguait dans les eaux internationales, entre la Sardaigne et le nord-est de l’Algérie. Selon toute vraisemblance, il serait parti du Maroc pour rejoindre la Libye ou l’Egypte.

Cette opération a été décidée suite à des informations fournies par les services de renseignement au sujet de ce navire civil, qui avait disparu de la circulation depuis plusieurs semaines. La nature suspecte du Luna-S ne pouvait plus laisser aucun doute quand son équipage a mis le feu à la cargaison qu’il transportait à l’approche du bâtiment de la Marine nationale.

Et pour cause : les soutes de ce cargo contenaient une vingtaine de tonnes de cannabis, dont la valeur marchande a été évaluée « entre 40 et 50 millions d’euros. » Seulement la moitié de ce chargement a pu être sauvée des flammes par les marins français, assistés par des moyens algériens.

Selon le vice-armiral d’escadre Yves Joly, le nouveau préfet maritime en Méditerranée, il s’agit « d’une prise exceptionnelle ». Mais elle n’a pas battu les 23,5 tonnes de celle effectuée en 1999 à Boulogne-sur-Mer.

Quant à l’équipage il n’a opposé aucune résistance. Les 8 marins du Luna-S, de nationalité syrienne – c’est du moins ce qu’ils prétendent – ont été emmenés à bord du navire de la Marine nationale, dont l’identité n’a pas été précisée, sans doute pour des raisons de sécurité, afin d’être placés sous le contrôle d’un juge des libertés et de la détention tandis que leur cargo a été remorqué vers le port de Toulon par l’Abeille-Flandre.

Par ailleurs, cette intervention avait été autorisée par la Tanzanie, en vertu de la convention de Vienne de 1988 concernant la lutte contre le trafic de stupéfiants par voies maritimes. En outre, Dodoma a abandonné sa compétence juridictionnelle dans cette affaire, au profit de la France.

D’où l’ouverture d’une information judiciaire par le parquet de Marseille pour « trafic de stupéfiants ». Les 8 marins du cargo devraient être mis en détention. Ils risquent une peine de 10 ans de prison.

Mais ce dossier pourrait réserver son lot de surprises. Après l' »Adam » en avril et le « Gold Star » en septembre, tous deux interceptés par la marine italienne, le Luna-S est en effet le troisième cargo arraisonné en Méditerranée occidentale en moins de 6 mois avec une importante cargaison de cannabis à bord. Il est devient donc difficile de parler de coïncidences… Aussi, les enquêteurs vont vérifier s’il y a des liens entre ces trois affaires.

En attendant, et pour ce qui concerne les deux derniers cargos arraisonnés, quelques points communs peuvent être mis en avant. Ainsi, comme sur le Luna-S, l’équipage du Gold Star a tenté de mettre le feu aux 30 tonnes de cannabis qui étaient à bord, ce qui pourrait laisser penser que les marins des deux navires obéissent à des règles identiques. Et les deux navires naviguaient sous pavillon tanzanien.

Mais le plus intéressant est à venir. Selon le Maritime Bulletin, le Luna-S appartiendrait à la société Zain Shipping CO SA, active en… Syrie et implantée à Tartous. Quant au Gold Star, son propriétaire serait un certain Jouhar A, de nationalité syrienne. Sa compagnie, Gold Star Shipping CO SA est immatriculée dans les îles Marshall.  Enfin, le cargo Adam, qui battait pavillon comorien, appartiendrait à Euro Med Trade CO, une société implantée en Egypte. A priori, il n’aurait rien à voir avec les deux autres. Si ce n’est que son équipage était composé de 6 marins syriens…

Photo : (c) Marine nationale

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]