L’idée d’une intervention de l’armée pour rétablir la sécurité à Marseille revient sur le tapis

Devant l’étendue et les dégâts du trafic de drogue à Marseille, Mme le sénateur des Bouches-du-Rhône, Samia Ghali, avait avancé l’idée, en août 2012, de faire intervenir les militaires afin d’y rétablir la sécurité.

Ce n’était alors pas la première fois qu’une telle proposition avait été formulée. Plus tôt, le maire de Sevran, Stéphane Gattignon (Europe Ecologie – Les Verts), avait demandé le déploiement de « forces d’interposition, des casques bleus, comme ceux qu’on envoie à l’étranger pour empêcher les belligérants de s’entre-tuer » afin de protéger ses administrés face aux bandes criminelles et autres trafiquants de drogue.

Dans un cas comme dans l’autre, ces demandes furent écartées avec vigueur, tant du côté de l’opposition que de la majorité. Le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, avait vivement écarté la proposition de Mme Ghali. « Mobiliser l’armée face au grand banditisme n’est en aucun cas une solution. En revanche, la population de ces cités le vivrait comme un véritable appel à la guerre civile! », avait-il lancé.

Même si le code de la défense encadre la participation des forces armées au maintien de l’ordre, il n’en reste pas moins que la sécurité intérieure reste la prérogative de la police et de la gendarmerie, sous le contrôle de la justice. Une intervention militaire ne pourrait être envisagée qu’en dernier ressort, c’est à dire dans le cadre de mesures de sûreté exceptionnelles.

Qui plus, le travail de police n’est pas celui des militaires, sauf si l’on excepte les gendarmes, dont c’est l’une des missions. En outre, remplacer une compagnie de CRS par celle d’un régiment d’infanterie ne changerait pas grand chose au problème.

Reste que, les règlements de compte entre trafiquants dans la cité phocéenne alimentent les rubriques faits divers : 15 ont déjà été constatés depuis le début 2013, contre 19 l’année précédente. Aussi, Mme Ghali persiste : « L’armée peut être une solution pour Marseille! A un moment donné, on ne sait plus quoi dire… Si on n’a pas assez de policiers, pourquoi ne pas faire appel aux militaires comme on le fait déjà pour assurer la sécurité dans les gares, les aéroports ou les grands boulevards. Il faut trouver une solution. L’armée en est une »

Selon une enquête d’opinion réalisée par YouGov pour le Huffington Post, 76% des personnes interrogées estiment que la situation sécuritaire s’aggrave à Marseille et 57% ont répondu « être plutôt favorables » à y envoyer les militaires pour lutter contre la violence.

Ayant déjà proposé l’encadrement des délinquants par des militaires, Ségolène Royal a réagi à l’idée d’une intervention militaire à Marseille en répondant « pourquoi pas? ». Et de préciser, à l’antenne d’i>Télé, ce 12 septembre : « En tout cas, ce sondage, c’est l’expression de l’exaspération des Français, le sentiment que le grand banditisme peut utiliser des armes de guerre. »

« C’est le rôle de la police, bien évidemment, Marseille n’est pas en guerre », a souligné l’ancienne candidate socialiste à l’élection présidentielle. « Mais puisqu’il y a des armes de guerre qui sont disséminées, pourquoi ne pas imaginer une coopération entre la police et l’armée pour saisir et détruire ces armes de guerre? », a-t-elle ajouté.

« La réponse a déjà été apportée sur cette question. Marseille n’a pas à être une zone de non-droit et n’a pas à être traitée différemment des autres territoires de la République », a réagi Najat-Vallaud-Belkacem, la porte-parole du gouvernement, sur les ondes de Radio Classique. « Il faut veiller à ne pas stigmatiser Marseille. Oui, la criminalité est importante, non elle n’est pas en augmentation cette année par rapport à l’année précédente ou il y a trois ans », a-t-elle estimé.

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