Syrie : L’offre russe change la donne

Le moins que l’on puisse dire est que la proposition russe de placer l’arsenal chimique syrien sous contrôle international afin d’éviter une intervention militaire contre Damas aura été un nouveau coup de théâtre dans ce dossier déjà riche en rebondissement.

Cette offre a été immédiatement accueillie favorablement par le régime syrien, qui voit là un moyen de retarder, voire même d’éviter, les frappes « punitives » qui lui ont été promises après l’attaque aux gaz neurotoxiques du 21 août et dont il est accusé d’en être le responsable.

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, n’a pas manqué de saisir la balle au bond en appelant à la création de zones supervisées par l’ONU où l’arsenal chimique syrien pourrait être détruit.

En revanche, la proposition russe a fait l’objet d’un accueil « prudent » de la part de Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, qui s’est exprimé à l’antenne d’Europe1, ce 10 septembre. Selon lui, si cette dernière a été mise sur la table, c’est parce que la « fermeté » affichée par Paris et Washington « paie » et que « les preuves du massacre chimique sont de plus en plus accablantes. » Et d’ajouter : « Ils (ndlr : les russes) veulent se désengager de l’emprise syrienne. »

Aussi, le chef de la diplomatie française a posé 3 conditions pour que cette proposition de placer les armes chimiques sous contrôle international soit « recevable. »

Ainsi, d’après lui, le président syrien, Bachar el-Addad, « doit s’engager sans délai à mettre sous contrôle international et à laisser détruire l’ensemble de son arsenal chimique », et « cette opération doit se faire sur la base d’une résolution contraignante du Conseil de sécurité, avec un calendrier court et des conséquences fermes s’il ne respectait pas ses engagements. » Enfin, M. Fabius a affirmé que « la Cour pénale internationale devra être saisie », car « les responsables du massacre chimique du 21 août ne doivent pas rester impunis ».

Reste que la perspective d’une opération militaire contre le régime syrien, menée par les Etats-Unis et la France, s’éloigne. Du moins pour le moment. En effet, à Washington, le président Obama a salué, le 9 septembre, la proposition russe, en estimant qu’elle « pourrait constituer une percée importante » mais qu’elle ne doit pas être « simplement une manoeuvre dilatoire pour écarter la pression que nous avons (…) actuellement. »

En attendant, la conséquence directe de l’offre russe est le report du vote au Congrès sur une éventuelle intervention militaire américaine en Syrie. « Je ne m’attends pas à voir une succession de votes cette semaine ou dans l’avenir immédiat », a-t-il dit. « Nous allons avoir du temps (…) pour que la communauté internationale, les Russes et les Syriens travaillent avec nous et disent qu’il y a une façon de résoudre cela », a expliqué Barack Obama.

Du coup, le vote de procédure qui était prévu le 11 septembre au Sénat a été reporté à une « date ultérieure » qui n’a pas été précisée. « Je ne pense pas que nous ayons besoin » de voter rapidement », a commenté Harry Reid, le chef de file des sénateurs démocrates.

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