La France prend au mot la Russie au sujet des armes chimiques syriennes

Le 9 septembre, le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, a tendu une perche monumentale à la Russie en avançant l’idée d’un contrôle des armes chimiques syriennes, lequel, selon lui, serait impossible étant donné que le régime de Damas ne serait pas prêt à s’y soumettre.

Seulement, son homologue russe, Sergueï Lavrov, n’a pas manqué cette occasion et a ainsi appelé les dirigeants syriens, deux heures plus tard, à « accepter de placer sous contrôle international leur stock d’armes chimiques, (…) à le détruire et (…) à rejoindre pleinement l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques ».

Et cette proposition a été accueillie favorablement par Damas, qui voit là un moyen d’éviter la « punition » promise par les Etats-Unis et la France. Et, au vu de l’étendue de l’arsenal syrien (plus de 1.000 tonnes d’armes chimiques selon les services français de renseignement), cette opération demandera un certain temps.

En outre, la question de ses modalités devra être posée : qui s’occupera du démantèlement des centres de recherches et autres laboratoires? Où seront détruites ces armes et par qui? Faudra-t-il déployer des troupes au sol pour s’assurer de son bon fonctionnement?

Cependant, et comme au poker, la France, qui prend, aux dires de  Laurent Fabius; son ministre des Affaires étrangères, la proposition russe « avec intérêt et précaution », demande à voir. Pour cela, Paris va donc déposer, ce 10 jour et devant le Conseil de sécurité des Nations unies, une projet de résolution s’inscrivant « sous le chapitre VII (ndlr, de la Charte de l’ONU) », lequel concerne les « actions en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d’acte d’agression » et autorise le recours à la force en cas de manquement aux obligations.

Ainsi, selon Laurent Fabius, ce texte, qui sera donc « contraignant », visera à « condamner le massacre du 21 août commis par le régime » ainsi que « auteurs du crime devant la Cour pénale internationale », « exiger la lumière » sur l’arsenal chimique syrien et le démanteler, avec de possibles « conséquences extrêmement sérieuses en cas de violation par la Syrie de ses obligations ». Ce qui ouvre la porte à une intervention militaire, le cas échéant, qui serait parfaitement légale du point de vue du droit international.

Avec sa proposition faite à la Syrie au sujet de l’arsenal chimique de cette dernière, la Russie, pointée du doigt à maintes reprises pour son soutien au régime de Bachar el-Assad, s’est posée en solution du problème syrien et non plus en obstacle à son règlement.

Et l’on verra donc comment elle accueillera ce projet français de résolution., lequel paraît bien ambitieux, notamment sur la question de la responsabilité de l’attaque chimique du 21 août et la référence à la Cour pénale internationale. Rien que ces deux points pourraient motiver un nouveau veto russe…

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