Syrie : Pour le renseignement allemand, Bachar el-Assad n’a sans doute pas approuvé l’attaque chimique du 21 août

Le président syrien, Bachar el-Assad, a nié, devant le journaliste de CBS Charlie Rose à qui il a accordé un entretien, « avoir quelque chose à voir dans cette attaque » du 21 août, lancée dans la banlieue de Damas et au cours de laquelle des gza neurotoxiques ont été utilisés.

« La chose la plus importante qu’il ait dite, c’est : ‘Il n’y a pas de preuve que j’ai utilisé des armes chimiques contre mon peuple' », a encore confié Charlie Rose, dont le reportage devrait être diffusé par CBS ce 9 septembre.

Il est possible que Bachar el-Assad n’ait effectivement pas ordonné à ses forces d’avoir recours à des armes chimiques. Car l’on remarquera qu’il réfute les accusations portées contre lui et non contre son régime…

Cette hypothèse a d’ailleurs récemment été avancée après les révélations du magazine Foreign Policy, lequel a récemment fait état d’une interception par les services américains de communications « paniquées » et « très agitées » entre un responsable du ministère syrien de la Défense et le chef d’une unité d’armes chimiques auquel il demandait des explications au sujet de l’attaque à l’agent neurotoxique du 21 août.

« S’agissait-il de l’œuvre d’un officier syrien qui a dépassé les limites ou bien cette attaque a-t-elle été décidée directement par des responsables du régime d’Assad? », s’était alors demandé le magazine spécialisé américain.

Pour le Bundesnachrichtendienst (BND), le service de renseignement allemand, il ne fait aucun doute que les forces syriennes ont utilisé des armes chimiques. Et ses estimations, qui ont fait l’objet d’un article publié la semaine passée par Der Spiegel, rejoignent celles de leurs homologues américains et français.

Son évaluation peut se résumer en trois points : 1- le recours aux gaz neuro-toxiques s’expliquerait par la pression mise par les groupes rebelles sur Damas; 2- Seules les forces syriennes ont les moyens de lancer une attaque chimique comme celle du 21 août; 3- les insurgés sont incapables de mener un tel assaut concerté.

Cela étant, l’Allemagne dispose de moyens de collecte de renseignement sélectroniques (SIGINT/ELINT) dans la zone. Outre la frégate Sachsen, qui se tient prête, selon Der Spiegel, dans le cas où il faudrait évacuer les ressortissants allemands du Liban, l’Oker, l’un des 3 bâtiments de la Deusche Marine dédiés au à ce type de mission, croise également près des côtes syriennes.

D’après le quotidien Bild, l’Oker aurait ainsi intercepté les communications entre les responsables syriens. Et ces dernières indiqueraient que les hauts gradés de l’armée syrienne « réclament régulièrement depuis environ quatre mois des attaques chimiques au palais présidentiel à Damas (mais) ces demandes ont été toujours refusées » et que « l’attaque du 21 août n’a vraisemblablement pas été approuvée personnellement par Bachar al-Assad. »

« Si ce n’est toi, c’est donc ton frère », dit la fable… Si, comme le prétend Bild, Bachar-el Assad n’a pas donné l’ordre – ce qui parait toutefois peu probable pour certains analystes – son frère, Maher, qui n’a pas la réputation de faire dans la dentelle, pourrait être le responsable de cette attaque chimique. Et cette hypothèse serait renforcée par le fait que les roquettes contenant les gaz ont été tirées depuis des positions occupées par la 4e Division Blindée, une unité d’élite suréquipée commandée par ce dernier…

Par ailleurs, Bild a également rapporté les propos que général Volker Wieker, l’inspecteur de la Bundeswehr, a tenus devant la commission de la Défense du Bundestag au sujet de la situation syrienne. Ainsi, cet officier a expliqué que l’Armée syrienne libre (ASL) aurait perdu le contrôle militaire de la rébellion et que l’influence de groupes radicaux, liés à al-Qaïda s’accroît rapidement.

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