L’Union européenne ne suit pas la France sur le dossier syrien

Etant donné qu’une action militaire contre le régime syrien n’a guère de chance d’être autorisée par le Conseil de sécurité des Nations unies en raison de l’opposition russe et chinoise, les Etats-Unis et la France ont besoin de trouver le plus de soutiens possibles afin de légitimer l’opération qu’ils envisagent de lancer pour « punir » et dissuader Damas d’avoir recours aux armes chimiques.

C’est ainsi que Paris compte se tourner vers ses partenaires européens. Il y a deux jours, le président Hollande a ainsi appelé l’Europe à « s’unir sur ce dossier ». Seulement, jusqu’à ce 5 septembre, on était bien en peine de savoir ce que pouvait bien en penser les responsables de l’Union européenne. Principale concernée par cette affaire, Catherine Ashton, en charge de la diplomatie, ne s’est ainsi plus exprimée sur ce sujet depuis le 26 août dernier…

D’où, d’ailleurs, la réaction d’Alain Juppé, l’ancien ministre des Affaires étrangères du président Sarkozy. « Il me semble que nous n’avons pas été assez actifs sur ce plan là même s’il faut souligner la faillite absolument catastrophique de l’Union européenne: on ne demande pas aux pays européens de s’engager dans une opération militaire, la plupart d’entre eux n’en n’ont pas les moyens, mais au moins une solidarité politique! », s’est-il emporté sur les ondes de RTL.

Pour la solidarité politique, il faudra repasser. « Il n’y a pas de solution militaire en Syrie », a ainsi lancé Herman Van Rompuy, le président de l’UE, qui s’était fait bien discret jusqu’à présent. « La solution doit être politique et s’inscrire dans le cadre de l’ONU », a-t-il insisté, à Saint-Pétersbourg, où se tient le sommet du G-20. Et le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, est sur la même ligne.

« La France est, à ce stade, le seul pays européen décidé à agir militairement en Syrie. Quant à savoir quelle sera la réaction de l’UE, s’il y a une intervention militaire de la France, nous ne savons pas encore, nous y travaillons… », a encore ajouté M. Van Rompuy, qui a qualifié l’attaque chimique lancée le 21 août dernier près de Damas de « crime contre l’humanité. »

Quant au soutien des autres Etats de l’Union, il faudra repasser. Encore que, même si la Chambres des communes, à Londres, a refusé de voir les forces britanniques prendre part à une opération militaire en Syrie, le Royaume-Uni peut toujours faire acte de solidarité politique. Mais il est bien le seul, du moins pour le moment.

En effet, la Belgique, l’Italie et l’Espagne ont d’ores et déjà fait connaître leur opposition à tout action militaire menée sans autorisation des Nations unies. A Berlin, l’idée d’une participation militaire à une opération en Syrie est exclue. Et la chancelière allemande, Angela Merkel, a répété, le 3 septembre, vouloir faire « tout ce qui est possible (…) pour avoir une réponse unifiée de la communauté internationale », notamment en tentant d’infléchir la position russe sur ce dossier.

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