Syrie : Bachar el-Assad menace la France en cas d’intervention

Le Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, l’a une nouvelle fois affirmé, preuves à l’appui, en présence des responsables parlementaires réunis ce 2 septembre à Matignon : le régime de Bachar el-Assad et bel et bien responsable de l’attaque chimique du 21 août dernier dans la banlieue de Damas.

Ainsi, selon une note de synthèse établie par la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) et de la Direction du Renseignement Militaire (DRM), dont une partie a déjà « fuité » dans la presse, il apparaîtrait que les zones touchées par l’attaque aux gaz neurotoxiques étaient sous contrôle rebelle, « à la lisière » de celles « tenues par le régime. »

Pour le renseignement français, « l’opposition syrienne n’a pas les capacités de conduire une opération d’une telle ampleur avec des agents chimiques. » Et d’ajouter : « Aucun groupe appartenant à l’insurrection syrienne ne détient, à ce stade, la capacité de stocker et d’utiliser ces agents, a fortiori dans une proportion similaire à celle employée dans la nuit du 21 août 2013 à Damas. Ces groupes n’ont ni l’expérience ni le savoir-faire pour les mettre en œuvre, en particulier par des vecteurs tels que ceux utilisés lors de l’attaque du 21 août. »

En outre, la note de synthèse explique les raisons pour lesquelles le régime de Bachar el-Assad a eu recours aux armes chimiques le jour de cette attaque. « Nos renseignements confirment que le régime redoutait une attaque d’ampleur de l’opposition sur Damas dans cette période. Notre évaluation est que le régime a cherché par cette attaque à desserrer l’étau et à sécuriser des sites stratégiques pour le contrôle de la capitale. (…) Au demeurant, il est clair, à l’étude des points d’application de l’attaque, que nul autre que le régime ne pouvait s’en prendre ainsi à des positions stratégiques pour l’opposition. »

Comme leurs homologues américains, les services français estiment que Damas a cherché à détruire les preuves de cette attaque chimique en bombardant massivement les la zone visées les jours suivants. « Le régime a ensuite conduit des frappes terrestres et aériennes importantes sur les zones des attaques. Il s’est attaché à retarder l’arrivée des inspecteurs pendant plusieurs jours. Ces éléments confirment une claire volonté de destruction des preuves a posteriori. De plus, des militaires ont déclenché des incendies, qui visaient vraisemblablement à purifier l’atmosphère grâce au mouvement d’air généré », est-il écrit dans la note.

En revanche, les estimations qui différent avec celles de Washington sont celles concernant le nombre de victimes. Pour les services français, l’attaque aurait fait au moins 281 tués, alors que la synthèse du renseignement américain parle de plus de 1.400 tués.

Voici donc les raisons qui expliquent la détermination du président Hollande à vouloir « punir » Bachar el-Assad en participant à une intervention militaire désormais suspendue à un vote du Congrès américain. Bien qu’en son temps, François Mitterrand avait trouvé un moyen d’obtenir l’approbation du Parlement pour l’engagement des troupes françaises dans l’opération Tempête du Désert, en janvier 1991, il semblerait que, pour cette fois encore, députés et sénateurs n’aient pas leur mot à dire. Le Premier ministre l’a confirmé : le débat prévu le 4 septembre prochain ne sera pas suivi d’un vote. Du moins pour le moment car la pression pour que cela soit le cas est forte sur l’exécutif.

De son côté, le président syrien a adressé une mise en garde à la France en cas d’action militaire. « Le Moyen-Orient est un baril de poudre et le feu s’en approche aujourd’hui (…) Tout le monde perdra le contrôle de la situation lorsque le baril de poudre explosera. Le chaos et l’extrémisme se répandront. Le risque d’une guerre régionale existe », a prévenu Bachar el-Assad, au cours d’un entretien accordé au quotidien Le Figaro.

Et de prévenir : « Le peuple français n’est pas notre ennemi, mais (…) dans la mesure où la politique de l’Etat français est hostile au peuple syrien, cet Etat sera son ennemi. (…) Il y a aura des répercussions, négatives bien entendu, sur les intérêts de la France. »

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]