François Hollande : « La France est prête à punir ceux qui ont pris la décision infâme de gazer des innocents » en Syrie

Lors de la XXIe Conférence des ambassadeurs, qui s’est tenue de 27 août à l’Elysée, le président Hollande a tenu un discours très ferme au sujet de la situation en Syrie, où le régime de Bachar el-Assad est accusé d’avoir eu recours à des armes chimiques lors d’une attaque qui, lancée le 21 août dernier dans la banlieue de Damas, a fait près de 350 tués.

« Le monde est saisi d’effroi après la confirmation de l’utilisation d’armes chimiques en Syrie. Tout porte à croire que c’est le régime qui a commis cet acte abject qui le condamne définitivement aux yeux du monde », a ainsi affirmé le chef de l’Etat. « Notre responsabilité, c’est de rechercher la riposte la plus appropriée aux exactions du régime syrien, une fois achevée la mission de l’ONU. La France est prête à punir ceux qui ont pris la décision infâme de gazer des innocents », a-t-il poursuivi.

« Cette guerre civile menace aujourd’hui la paix du monde », a-t-il aussi estimé, soulignant que « le conflit se propage désormais à l’ensemble de la région, au Liban par des attentats, en Jordanie et en Turquie par l’afflux des réfugiés, en Irak par le déchaînement de violences meurtrières ».

Quant au blocage russe au Conseil de sécurité des Nations unies concernant toute intervention militaire en Syrie, le chef de l’Etat a invoqué « la responsabilité de protéger les civils », votée en 2005 par l’Assemblée générale des Nations unies.

Par ailleurs, le président Hollande a annoncé la tenue, pour le 28 août, d’un conseil de défense ainsi qu’une augmentation du soutien militaire de la France à la coalition nationale syrienne et que la volonté de Paris était de protéger les populations civiles.

Peu avant la déclaration du locataire de l’Elysée, le député Nicolas Dupont-Aignan a demandé la convocation du Parlement pour évoquer la situation syrienne, estimant que le président Hollande est « sur le point d’engager nos armées dans ce qui est sans doute l’opération militaire la plus risquée depuis la première guerre du Golfe. » Et d’ajouter : « Comme membre de la Commission des Affaires étrangères, je refuse d’engager la France dans cette folie. »

Selon la nouvelle procédure instituée par la réforme constitutionnelle du 23 juillet 2008, lorsqu’une intervention armée est décidée, le gouvernement doit en informer le Parlement dans un délai de 3 jours. Un débat peut être organisé mais il n’est suivi par aucun vote. Si les opérations se prolongent au-delà de 4 mois, alors une autorisation parlementaire doit être accordée. En cas de désaccord entre le Sénat et l’Assemblée nationale, c’est cette dernière qui a le dernier mot.

A l’UMP, deux députés, Alain Marsaud et Jacques Myard, ont appelé à « savoir garder raison et admettre que, pour l’instant, seule une solution de compromis avec le régime actuel peut faire baisser la tension et permettre une transition politique avec le concours de la Russie ». Et d’ajouter : « Il ne s’agit pas de défendre le régime de Bachar mais de comprendre qu’on risque de tomber de Charybde en Sylla. »

« Il n’y a pas d’intervention internationale fraîche et joyeuse. Ça ne peut pas être une opération de quelques heures, quelques jours. Dans le contexte très particulier du Proche-Orient, de nouvelles violences entraîneront la déstabilisation de cette région » a renchéri Philippe Marini, le président UMP de la commission des Finances du Sénat.

Une position pas très éloignée de celle de Jean-Luc Mélenchon, le co-président du  Parti de gauche, l’anti-américanisme en moins. A l’antenne de RMC, ce 27 août, il a également lancé un appel au « sang froid » pour éviter « une erreur gigantesque, peut être le seuil d’une guerre beaucoup plus large que toutes celles que nous avons vues dans cette région ».

Pour le président du MoDem, François Bayrou, il s’agit d’être prudent avant de prendre la décision d’une intervention en Syrie. « Au point où nous en sommes dans l’affaire syrienne – ce qui semble se développer comme une mécanique implacable -, je voudrais lancer un appel pressant à la prudence », a-t-il affirmé sur les ondes de RMC. « Il y a beaucoup de manipulations dans ces guerres civiles et donc je voudrais qu’on attende le rapport de l’ONU », a-t-il ajouté.

Au Front national, Florian Philippot n’a pas mis en doute l’attaque à l’arme chimique commise près de Damas. Mais, a-t-il ajouté, le 26 août, sur i>Télé, « on ne peut pas décider d’une intervention, alors qu’on ne sait rien. » Et ce serait « mettre le feu aux poudres » dans une région explosive en menant une « diplomatie de cow-boys », a-t-il poursuivi. « Ce n’est pas la France que je défends » dans ce cas, a-t-il plaidé.

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