La question du retour au service militaire évoquée en Allemagne

Dans le cadre d’une vaste réforme de son outil de défense, l’Allemagne a fait le choix de suspendre la conscription dans le but, notamment, de faciliter les capacités de projection de la Bundeswehr et de disposer de forces moins nombreuses mais mieux équipées. Pour cela, il a donc été décidé de ramener les effectifs militaires à 185.000 hommes et de faire appel à des soldats volontaires, engagés pour des contrats de courte durée.

Mais cette réforme, qui suppose la fermeture de nombreux sites militaires, est mal vécue par les soldats allemands. Selon un sondage de l’Université technique de Chemnitz, seulement 8% des 2.000 d’entre eux qui ont été interrogés à son sujet s’en disent satisfaits…

En outre, la Bundeswehr peine à recruter ses volontaires. D’après le quotidien Die Welt, elle comptait 615 recrues en avril dernier, soit 60% de moins par rapport à l’année précédente, à pareille époque. Et pour compliquer le tout, près de 30% de ces engagés quittent l’uniforme au cours de leur formation initiale.

Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer ce taux d’attrition très élevé. Il y a d’abord les recrues qui dénoncent leur contrat parce qu’elles sont déçues par la vie militaire, qui ne correspond finalement pas à ce qu’ils espéraient. D’autres préférent reprendre leurs études ou accepter un emploi mieux rémunéré sans avoir les contraintes liées à la vie de soldat.

Et quand ce n’est pas les engagés qui décident de retourner à la vie civile, c’est la Bundeswehr qui les renvoie chez eux, du moins ceux qui se révèlent inaptes à exercer le métier des armes pour des raisons médicales.

Quant aux difficultés liées au recrutement, elles s’expliquent par une démographie peu élevée outre-Rhin mais aussi et surtout par un taux de chômage relativement peu élevé chez les jeunes. Une autre raison est sans doute la mauvaise image de la Bundewehr, au point qu’elle a été victime, sur son propre territoire, de 91 actes de sabotage, depuis le début de cette année, soit déjà autant qu’en 2012.

D’où les critiques de deux membres de la CDU, le parti de la chancelière Angela Merkel, pourtant à l’origine de la réforme de la Bundeswehr.  « Pour le bien de nos capacités opérationnelles, il faudrait étudier la possibilité d’un retour à une armée de conscription », a ainsi affirmé Christian Baldauf. « Je n’aurais jamais accepté de mettre en oeuvre l’arrêt du service militaire », a surenchéri Franz-Josef Jung, ministre allemand de la Défense de 2005 à 2009.

Pour le moment, le débat portant sur un éventuel retour à la conscription a été mis sous le boisseau, campagne électorale oblige, les libéraux du FDP, allié de la CDU au gouvernement de Mme Merkel, y étant opposés. Mais si cette tendance se poursuit, ce qui est plus que probable, alors la question devrait se poser avec plus d’insistance dans les mois qui viennent.

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