Sahel : Le groupe de Belmokhtar et le Mujao fusionnent

En mai dernier, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest (Mujao), implanté au Nord-Mali, avait revendiqué deux attaques commises au Niger contre un site du groupe nucléaire français Areva à Arlit et la caserne d’Agadez, à 240 km plus au sud.

Plus tard, l’on apprenait que ces attentats furent supervisés par Mokhtar Belmokhtar, dit le Borgne, un ancien commandant d’al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), devenu ensuite le chef du groupe « Les Signataires par le sang », lequel s’était tristement illustré lors de la prise d’otages d’In Amenas, en Algérie, au début de l’année.

A priori, ces attaques au Niger ont préfiguré la fusion du Mujao et du groupe de Belmokhtar. En effet, selon l’Agence Nouakchott information (ANI), les deux entités ont décidé de s’unir pour former un seul et même mouvement appelé « Al Mourabitoune » (les « Almoravides »), du nom d’une dynastie Berbère qui, du XI au XIIème siècle, régna sur un empire allant de l’ouest du Sahara et du Maghreb jusqu’en Espagne.

Selon un communiqué diffusé par ANI, les « Signataires par le sang » et le Mujao « ont décidé de s’unir au sein d’une même Jamaa, dénommée ‘Al Mourabitoune’, dans la perspective de réaliser l’unité des musulmans du Nil à l’Atlantique ». Le commandement de ce nouveau groupe aurait été confié à un vétéran d’Afghanistan qui aurait aussi récemment combattu au Mali.

Dans le texte, le groupe « Les Almoravides » menace de s’en prendre aux intérêts français « dans la région et ailleurs dans le monde » et semble s’inspirer d’al-Qaïda ainsi que du mouvement taleb afghan étant donné qu’il salue Ayman al-Zawahiri, le successeur de Ben Laden et le mollah Omar. En outre, il appelle toutes les « organisations islamiques » à s’entraider « pour contrecarrer les forces laïques qui s’érigent contre tout projet islamique. »

Reste à voir les raisons qui ont poussé ces deux groupes à unir leurs forces. Comme Belmokhtar a séjourné dans la ville malienne de Gao, ancien fief du Mujao, il est certain que des contacts étroits furent établis à cette occasion (et il se dit même que le « Borgne », aurait épousé la nièce du chef du Mujao, en 2009…)

Après, au moins deux hypothèses peuvent être faites : est-ce parce que les deux mouvements ont subi des pertes telles au cours de ces derniers mois qu’un rapprochement était inévitable ou bien est-ce pour marginaliser AQMI? En tout cas, une chose est certaine : après la disparition d’Abou Zeïd, une autre « figure » du terrorisme au Sahel, Belmokhtar, dont la tête a été mise à prix pour 5 millions de dollars par les Etats-Unis, tend à s’imposer comme étant le seul homme fort du jihadisme dans la région.

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