Le chef d’état-major de l’armée américaine n’est pas favorable à une intervention en Syrie

Si l’attaque du 21 août de quartiers situés dans la banlieue de Damas avec des armes chimiques est avérée, alors le régime de Bachar el-Assad aura franchi la fameuse ligne rouge fixée par le président américain, Barack Obama, il y a presque un an, jour pour jour. Et si l’on en croit le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, ce ne serait pas la première fois

Aussi, le département d’Etat américain évite désormais cette expression. « Je ne parle pas de lignes rouges. Je n’ai pas de débat ou de conversation sur des lignes rouges, je n’établis pas de lignes rouges. Ne parlons pas de rouge aujourd’hui »,  a ainsi déclaré  Jennifer Psaki, l’une de ses porte-paroles. Et d’ajouter : « Je pense que nous avons déjà parlé il y a plusieurs mois de la ligne rouge et de la manière dont elle a été franchie. »

Il apparaît ainsi que les options contre le régime de Bachar el-Assad sont plus que limitées et qu’il n’est pas question de se lancer dans une aventure militaire aux conséquences imprévisibles. C’est ce qu’a du moins avancé le général Martin Dempsey, le chef d’état-major interamées américain, qui a effectué il y a quelques jours des visites en Jordanie et en Israël.

Dans un courrier adressé au représentant démocrate Eliot Engel, l’officier n’a pas pris de gants. « Une intervention militaire américaine en Syrie ne déboucherait pas sur une situation favorable aux Etats-Unis, les rebelles syriens ne soutenant pas les intérêts de Washington », a-t-il estimé, en expliquant que l’opposition syrienne est en perte de vitesse, à la différence des groupes jihadistes qui gagnent en influence.

« Je considère que le camp que nous choisissons (de soutenir, ndlr) doit être prêt à promouvoir ses intérêts et les nôtres quand l’équilibre penchera en sa faveur. Aujourd’hui ce n’est pas le cas », a-t-il ajouté.  »

« Nous pouvons détruire l’aviation syrienne », a encore poursuivi le général Dempsey, mais « ce ne serait pas décisif sur un plan militaire mais cela nous engagerait résolument dans le conflit », en estimant que si une intervention armée « peut changer l’équilibre militaire » en Syrie, elle ne pourra pas « résoudre les problèmes historiques ethniques, religieux et tribaux sous-jacents qui alimentent le conflit. »

Pour le général Dempsey, la guerre civile syrienne a « racines profondes » et c’est un « conflit de long terme entre des factions multiples et la lutte violente pour le pouvoir continuera après la fin du règne d’Assad. » En outre, toujours selon le plus haut gradé américain, une éventuelle intervention aurait des « retombées qui rendraient nos alliés et partenaires moins en sécurité. »

Le 7 août dernier, l’ancien numéro deux de la CIA, Michael Morell, alors sur le départ après 33 ans de service, avait estimé lors d’un entretien accordé au Wall Street Journal que la guerre civile en Syrie constituait « principale menace contre la sécurité des États-Unis. »

« C’est probablement le problème le plus important dans le monde aujourd’hui en raison de la direction dans laquelle il s’oriente », avait-il avancé, en estimant que le nombre de combattants islamistes étrangers ayant rejoint la Syrie était plus important que celui constaté en Irak, quand l’insurrection était à son plus haut niveau.

« Le risque est que le conflit déborde de ses frontières ou que le régime du président Bachar al-Assad s’effondre et que la Syrie devienne un nouveau sanctuaire pour Al-Qaïda. Les armes en possession du gouvernement, y compris les armes chimiques, risquent de se retrouver dans la nature », avait-il expliqué.

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