Egypte : Situation explosive au Sinaï

Suite à l’aggravation des violences consécutives à la destitution du président Morsi, issu des Frères musulmans, en Egypte, l’Union européenne a décidé, le 20 août, de suspendre les licences d’exportations vers Le Caire des « équipements pouvant être utilisés dans le cadre de la répression interne. » Et l’assistance en matière de sécurité sera « réexaminée ».

« Nous condamnons avec force tous les actes de violence et nous estimons que les actions récemment menées par les militaires ont été disproportionnées. Nous appelons toutes les parties à mettre fin aux violences », a commenté Catherine Ashton, la responsable de la diplomatie de l’UE.

Quant à l’administration Obama, elle a menacé de suspendre l’aide militaire et économique à l’Egypte. Mais a priori, Washington semble tergiverser sur cette question, même si d’influents parlementaires, comme le sénateur John McCain, ancien candidat à la Maison Blanche, plaident pour l’arrêt du soutien américain au Caire.

Le Premier ministre égyptien par intérim, Hazm el-Beblaoui, a estimé que les Etats-Unis feraient une erreur si jamais ils décidaient de suspendre leur aide militaire annuelle de 1,3 milliards de dollars. « Cela affecterait l’armée pendant un certain temps », a-t-il affirmé, à l’antenne de la chaîne de télévision ABC News. « N’oublions pas que l’Egypte a vécu avec le soutien militaire de la Russie et que nous avons survécu. Ce ne se serait donc pas la fin du monde et nous pouvons vivre dans des circonstances différentes », a-t-il cependant relativisé.

L’arrêt éventuel de l’aide américaine à l’armée égyptienne mettrait Israël dans l’embarras. Ce pays est séparé de l’Egypte par une frontière de 200 km, le long de la région du Sinaï. Or, depuis la chute de l’ex-président Moubarak, en 2011, cette dernière tend à devenir un repaire pour les jihadistes, dont les rangs ont été rejoints par d’anciens prisonniers graciés par l’ex-président Morsi.

Le 19 août, 25 policiers égyptiens ont été tués dans un embuscade sur une route du Sinaï Nord par des éléments terroristes. Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière commise depuis des années dans cette zone, où les forces de sécurité sont désormais régulièrement prises à partie.

Cette situation inquiète Israël, qui redoute de voir se créer un nouveau foyer d’instabilité à ses frontières. En août 2012, déjà, et après avoir tué une douzaine de militaires égyptiens, un commando jihadiste tenta de s’infiltrer en territoire israélien depuis le Sinaï, avant d’être neutralisé par Tsahal. « L’attentat a été commis par des éléments résidant dans le Sinaï et on suppose qu’ils avaient des liens avec des éléments de la bande de Gaza », avait alors commenté le général Yoav Mordehai.

Avec l’accord d’Israël, l’armée égyptienne a envoyé des renforts dans le Sinaï, qui était jusqu’alors une région démilitarisée, en vertu des accords de paix de 1979. Mieux même, il est très probable que les militaires des deux pays collaborent, comme cela été sans doute le cas le 9 août dernier, jour où une attaque imputée à un drone israélien a tué plusieurs jihadistes, à Rafah.

Reste que, avec les troubles en Egypte, l’armée n’est pas en mesure d’accorder les moyens nécessaires pour ratisser le Sinaï et mettre hors d’état de nuire les éléments jihadistes qui s’y sont établis, même si elle a récemment indiqué y avoir neutralisé 70 terroristes. Et, bien évidemment, toute réduction de l’aide américaine n’améliorerait pas les choses.

Quoi qu’il en soit, les autorités israéliennes ont pris des mesures préventives. Comme avec, par exemple, l’installation d’une batterie Iron Dome, destinée à intercepter les tirs de roquettes et d’obus de mortier, près d’Eilat, la station balnéaire sur la mer Rouge située à quelques encablures de l’Égypte. D’ailleurs, bien leur en a pris puisque ce système a détruit une roquette en vol le 13 août dernier.

Mais ce sont les risques d’infiltrations de commandos jihadistes qu’Israël tente d’éviter. A cette fin, une clôture électronique a été érigée long de la frontière. Ce dispositif est complété par une unité spéciale récemment créée, selon le quotidien Haaretz, par le Shin Beth, le service israélien de sécurité intérieur. Enfin, le renseignement militaire a renforcé ses moyens de surveillance dans la région en y déployant des ballons captifs équipés de caméras.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]