La Centrafrique risque de devenir un Etat failli

Depuis que la coalition de groupes rebelles de la Séléka a renversé le président en exercice, François Bozizé, en mars dernier, rien ne va plus en République centrafricaine. Selon les Nations unies, le pays est au bord de l’effondrement, ce qui ne manquera pas d’avoir des conséquences sur un plan sécuritaire, y compris pour les Etats voisins.

« La République centrafricaine n’est pas encore un Etat en faillite, mais elle risque de le devenir si des mesures ne sont pas prises rapidement », a ainsi affirmé, le 14 août, Valerie Amos, secrétaire générale adjointe des Nations unies aux affaires humanitaires, devant le Conseil de sécurité. « Si la situation n’est pas correctement gérée, la crise menace de s’étendre au-delà des frontières de la République centrafricaine et de déstabiliser davantage une région déjà confrontée à d’importants défis », a-t-elle ajouté.

La situation humanitaire est ainsi catastrophique. Sur les 4,6 millions d’habitants que compte la Centrafrique, 1,6 millions ont besoin d’une aide d’urgence et 480.000 personnes sont en « situation d’insécurité alimentaire sévère ».

L’autre sujet d’inquiétude concerne la sécurité dans le pays. Pour le Conseil de sécurité, « le conflit armée et la crise en RCA représentent une grave menace pour la stabilité » du pays et « de la région. » Le sous-secrétaire général de l’ONU aux droits de l’homme, Ivan Simonovic, a ainsi expliqué que le niveau de violence y est « sans précédent » et parlé « de pillages et de destructions », commis le plus souvent par des éléments de la Séléka.

En outre, des groupes armés tentent de profiter du chaos qui règne en RCA. C’est notamment le cas de groupes jihadistes et de la LRA (Armée de résistance du Seigneur), un mouvement à la sinistre réputation, actif en RCA, en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud.

Bien avant le changement de régime à Bangui, la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC) avait envoyé un contingent de 500 hommes pour stabiliser le pays. Désormais, ce dernier a été relevé, depuis le 1er août, par les 3.600 soldats de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA), dont le déploiement a été décidé par l’Union africaine et qui recevra un mandat des Nations unies, comme l’AMISOM en Somalie.

Cependant, pour Ivan Simonovic, une « force aux effectifs plus fournis et plus diversifiés sur le plan des nationalités qui la composent est nécessaire pour garantir la sécurité et protéger la population. » Et d’ajouter : « Une telle force empêcherait aussi des groupes rebelles étrangers, tels que l’Armée de résistance du Seigneur ou des groupes islamistes radicaux, de trouver refuge dans ce pays. »

Le général Babacar Gaye, émissaire des Nations unies pour la Centrafrique, a établi le même constat. « Ce contingent est encore insuffisant mais sa présence doit au moins avoir un effet dissuasif », a-t-il estimé. « Il faut absolument dans ce pays qu’une force avec une réelle légitimité, de réelles capacités, soit en mesure de restaurer la sécurité, qui permettra à l’action humanitaire, ainsi qu’au respect des droits de l’homme de faire les progrès attendus », a-t-il confié à l’antenne de RFI.

Par ailleurs, la France compte environ 400 militaires en Centrafrique, dans le cadre de l’opération Boali. Lors de la prise de Bangui par la Séléka, une compagnie du 8e Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine (RPIMa) y avait envoyée en renfort. Cette dernière, « compte tenu de l’évolution de la situation sécuritaire dans le pays », selon l’Etat-major des armées, a quitté le pays en juin dernier.

Actuellement, les effectifs français sont fournis par le 27e Bataillon de chasseurs alpins (BCA) et par le 16e bataillon de chasseurs (16e BC), qui arme la compagnie motorisée (COMOTO). Une compagnie du 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes (RCP) peut éventuellement venir en renfort de Libreville (Gabon). Leur mission consiste notamment à protéger les ressortissants et les intérêts français ainsi qu’à contrôler l’aéroport « et les sites d’intérêts » à Bangui.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]