Mali : Le capitaine Sanogo promu général

Souvent, la presse africaine a établi un parallèle entre le capitaine malien Amadou Sanogo et le commandant nigérien Salou Djibou. La raison? L’un comme l’autre portent un béret vert ont été à la tête d’un putsch et pris les rênes de leur pays avant de remettre le pouvoir à une personnalité civile.

En avril 2011, le commandant Djibou, alors président du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie au Niger, s’est ainsi effacé au profit de Mahamadou Issoufou, l’actuel chef d’Etat nigérien. Cet « intérim » de 14 mois passés à la tête du pays aura donné un coup de fouet à sa carrière militaire étant donné que, désormais, il est général de corps d’armée.

Pour le capitaine Sanogo, auteur du putsch qui renversa, en mars 2012, le président Amadou Toumani Touré, tenu pour responsable de la corruption du Mali et des difficultés de l’armée dans le nord du pays, c’est la même chose puisque sa promotion au grade de général de corps d’armée a été validée en Conseil des ministres. Cette information circulait depuis quelques jours sur les sites d’informations maliens.

Quelques semaines après son coup de force, le capitaine Sanogo avait transmis le pouvoir à un président par intérim, à savoir Dioncounda Traoré. Par la suite, il s’était replié sur son camp de Kati, près de Bamako, tout en conservant une certaine influence sur la vie politique du pays. C’est ainsi que le Premier ministre Cheick Modibo Diarra fut contraint à la démission, en décembre, par l’ancien putschiste. Et c’est sans compter sur le traitement réservé par ses hommes, les « bérets verts », aux « bérets rouges » du 33e Régiment commando parachutiste (RCP), unité qui constituait la garde présidentielle.

En février dernier, le capitaine Sanogo fut nommé par le président par intérim Traoré à la tête du  Comité militaire de suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité, alors que les combats dans l’Adrar des Ifoghas menés par les troupes françaises et tchadiennes faisaient rage contre les groupes jihadistes et que la mission de formation de l’armée malienne lancée par l’Union européenne se mettait en place.

Le capitaine Sanogo a ensuite demandé « pardon à la communauté malienne », le 26 juin, à l’occasion d’une cérémonie marquant la réconciliation entre les bérets rouges et verts. Restait à savoir ce que serait son sort après l’élection présidentielle, dont le second tour a opposé Ibrahim Boubacar Keita à Soumaïla Cissé.

Le premier avait modéré ses critiques à l’égard du putsch du capitaine Sanogo tandis que le second ne s’était pas privé pour en dire tout le mal qu’il en pensait, allant même jusqu’à créer une large coalition anti-putsch, le Front pour la défense de la démocratie et la République (FDR). Et cela lui avait valu d’être « mis au frais » pendant quelque temps par les « bérets verts » du capitaine Sanogo. Aussi, ce dernier a du souffler en voyant que la victoire ne pouvait plus échapper à Ibrahim Boubacar Keita…

Et pour cause. En effet, pour Gilles Yabi, analyste à International Crisis Group (ICG), cité par Afrik.com, Ibrahim Boubacar Keïta « est sans doute celui qui peut apparaître comme capable d’offrir certaines garanties au capitaine Sanogo et à l’ancienne junte. »

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