Le maintien du service militaire obligatoire fait débat en Suisse

S’il présente un palmarès impressionnant, le champion de tennis bâlois Roger Federer n’a jamais effectué son service militaire – qui reste obligatoire en Suisse – pour la simple et bonne raison qu’il avait été déclaré inapte lors la visite médicale. Ce qui n’a pas échappé au  Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA).

Pour faire avancer ses idées, cette organisation n’a pas hésité à réaliser une publicité avec une photographie de Roger Federer pour « démontrer caractère illusoire de l’obligation de servir. » Seulement, comme le recordman de victoires en Grand Chelem ne fait pas de politique, le GSsA a dû faire machine arrière. Mais les exemples de sportifs de haut niveau qui n’ont pas rempli leurs obligations militaires ne manquent pas en Suisse. En 2010, lors de la Coupe du monde de football, 9 joueurs titulaires de la « Nati » étaient dans ce cas.

En tout cas, le GSsA en fait l’un de ses arguments pour la votation qui sera organisée le 22 septembre prochain – et dont il est à l’origine – sur la suppression du service militaire obligatoire en Suisse. « Quand on observe ce qui se passe au-delà des frontières nationales, on se rend compte que la conscription est complètement désuète et intenable d’un point de vue militaire et de la politique sécuritaire », a expliqué Nikolai Prawdic, le porte-parole de cette organisation qui n’est pas à son premier coup d’essai.

En 1989, et alors que le mur de Berlin venait de tomber, le GSsA avait lancé une initiative pour supprimer purement et simplement l’armée suisse. A l’époque, cette proposition avait obtenu 35,6 % des voix, ce qui ne manqua de choquer la classe politique hélvètique.

Bien évidemment, le maintien du service militaire obligatoire a ses partisans, notamment au sein des partis de droite. Et les arguments des uns et des autres rappellent ceux qui furent utilisés en France lorsque le président Chirac décida de suspendre la conscription.

Pour le président de l’Association pour une Suisse en sécurité, une armée professionnelle créerait un « Etat dans l’Etat » et il faudrait revoir son mode de fonctionnement. « Naturellement, l’armée de milice est une école de vie », a-t-il affirmé à SwissInfo. « Dans notre armée, les conscrits sont à la fois soldats et citoyens. Ils apportent leurs connaissances professionnelles à l’armée. C’est une grande chance. L’armée de milice a fait ses preuves durant des décennies », a-t-il ajouté.

Le chef de l’armée suisse, le général André Blattmann, a également fait entrendre sa voix dans ce débat. « Une armée de milice formée de volontaires est une illusion » car « il n’y aurait pas assez de volontaires et ceux qui s’annonceraient ne seraient pas les candidats idéaux », a-t-il affirmé, le 8 août, à Arbon. « Je suis fier de nos soldats », a-t-il ajouté. « Une armée professionnelle n’attirerait que des ‘Rambos’ et des mercenaires » a-t-il insisté. Pas sûr, cependant, que ce dernier argument soit le plus pertinent…

Cependant, le modèle actuel de l’armée suisse n’est pas exempt de problèmes. Comme par exemple les disparités constatées au niveau des taux d’aptitude des jeunes suisses selon qu’ils soient romands ou alémaniques.

Il apparaît que les premiers sont moins enclin à remplir leurs obligations militaires par rapport aux second, leur taux d’aptitude étant en deçà de la moyenne nationale, qui était de 62% en 2012. D’où la crainte d’une « germanisation » rampante de l’armée suisse, au sein de laquelle, d’ailleurs, les formations ne se font plus que dans la langue de Goethe pour des raisons budgétaires.

Reste donc à attendre les résultats de la « votation » du 22 septembre prochain. Dans la plupart des cas, les gouvernements ayant décidé d’abandonner la conscription l’ont fait sans organiser de référendum sur le sujet. Sauf en Autriche où 60% des électeurs s’étant déplacés aux urnes se sont prononcés pour le maintien du service militaire obligatoire, ce qui a contraint Vienne à revoir ses plans.

Actuellement, l’armée suisse dispose de 155.000 soldats actifs, dont 2.650 professionnels. Elle peut compter sur un vivier de 32.000 réservistes

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