Merci de mettre les querelles en sourdine avant le centenaire de la Grande Guerre

En août prochain débuteront les commémorations liées au centenaire de la Première Guerre Mondiale. L’on en donc en droit d’attendre de la dignité et de la retenue pour se souvenir des 1,4 millions de Poilus morts au cours de ce conflit et, plus généralement, à tous ces jeunes français qui ont sacrifié leur jeunesse pour la défense de la France.

Seulement, l’organisation de ces commémorations donnent lieu à quelques bisbilles entre certains élus… Ainsi en est-il dans la Meuse, département particulièrement meurtri par les combats de la Grande Guerre. Le maire de Verdun, Arsène Lux, et le président du Conseil général, Christian Namy, se déchirent via  communiqués et déclarations à la presse au sujet de la Voie Sacrée.

Cette dernière fut stratégique en son temps puisqu’elle permit d’acheminer vers le champ de bataille qu’était alors Verdun quelques 90.000 hommes et 50.000 tonnes de matériels et de munitions chaque semaine. En 1923, afin de saluer « d’une manière définitive le noble rôle joué par elle pendant la guerre », le Parlement vota une loi pour classer « les chemins » formant la « Voie Sacrée » dans « le réseau des routes nationales.

Seulement, la loi du 13 août 2004 fit passer certaines routes nationales dans le réseau des routes départementales. Et la Voie Sacrée fit partie du lot, malgré l’opposition de la ville de Verdun. Pour son maire, Arsène Lux, ce déclassement est inacceptable. Et de parler « d’injure à l’histoire. »

Soutenu par plusieurs parlementaires, dont l’ancien ministre de la Défense Gérard Longuet, Arsène Lux souhaite baptiser cette ancienne route stratégique reliant Bar-le-Duc à Verdun « Voie Sacrée nationale ». Une proposition de loi allant dans ce sens a même été déposée en janvier dernier à l’Assemblée nationale alors que, pourtant, cette appellation fut officialisée par un arrêté interministériel signé en février 2007. . Mais voilà, le président de l’exécutif meusois s’y oppose. D’où l’échange d’amabilités entre les deux élus.

Ainsi, Arsène Lux a stigmatisé l’attitude de Christian Namy et la « position incompréhensible d’un président de conseil général qui, tant qu’il ne respectera pas les morts dans leurs tombes, sera illégitime comme acteur de la Mémoire. » Ce à quoi Christian Namy a répondu : « Lequel est le plus illégitime ? Celui qui travaille avec les acteurs de la Mémoire ou celui qui passe son temps à contrecarrer les projets seul contre tous? ».

« Depuis des années, je multiplie les initiatives et les appels à la fédération des énergies et des projets pour relever les enjeux du renouvellement de l’attractivité du patrimoine mémoriel meusien et ses effets sur notre économie touristique », a par ailleurs affirmé le président du Conseil général, dans une lettre adressée aux acteurs de la Mémoire en Meuse. « Ce que la situation nous impose ne peut se suffire de la rancœur et de l’amertume et je renouvelle encore ma volonté de mettre en commun nos moyens et nos énergies », a-t-il ajouté.

Le problème est que cette opposition a des conséquences sur les projets des uns et des autres pour le Centenaire, au point qu’il existe une concurrence entre les différents acteurs qui, pour le coup, devraient se montrer unis et se serrer les coudes. Et l’Office du tourisme départemental et la Maison du tourisme se « regarde en chien de faïence », comme l’a constaté un article du Républicain Lorrain. « Je n’ai pas d’antagonisme à l’encontre du maire de Verdun même si ce n’est pas quelqu’un qui facilite le dialogue. Au moment de la création de la Mission Histoire on a proposé différentes choses au maire dont la création d’une SEM dont il aurait pris la présidence. Il a refusé », a cru bon de rappeler Christian Namy.

Résultat : il est à craindre que les commémorations du souvenir soit un fiasco. « S’il y avait encore des anciens combattants de Verdun, tout le monde se mettrait d’accord », a réagi Francis Lefort, président du Comité national du souvenir de Verdun et gestionnaire du Mémorial, dans les colonnes du Parisien. « Mais les poilus ont disparu, laissant aux générations suivantes le soin de transmettre le souvenir de leurs souffrances », a-t-il poursuivi. En tout cas, leurs sacrifices exigent que chacun y mette un peu, voire même beaucoup, de bonne volonté.

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