Quand les experts en sécurité informatique américains viennent en aide au service de renseignement militaire belge

La sécurité informatique a beau être une priorité de l’Otan et de l’Union européenne, qui a défini, l’hiver dernier, une stratégie en la matière, après avoir mis en place des équipes d’intervention d’urgence dite « de préconfiguration CERT (Computer Emergency Response pre-configuration Team). Mais quand il a eu un souci, au début de cette année, le Service général du Renseignement et de la Sécurité (SGRS) de la Défense belge s’est tourné vers les experts de l’US Cyber Command de l’armée américaine.

Le responsable du SGRS, le général-major Eddy Testelmans, a fait cette confidence au cours d’un long entretien accordé à MOMagazine. Lors d’une opération de maintenance du réseau informatique du service, les techniciens ont découvert un programme alors inconnu qui s’est avéré être un virus « d’une complexité particulière ».

Et le général-major Testelmans d’expliquer : « Nous avons commencé à la déchiffrer et à l’analyser, pour savoir ce qui pourrait causer (comme dégâts). Il semblait cependant trop complexe pour pouvoir y arriver avec notre propre capacité. C’est pourquoi nous avons demandé le soutien du Cyber Command de l’armée américaine. »

Des experts américains ont donc fait le voyage en Belgique pour épauler leurs homologues du SGRS. « Ils ont aidé à analyser le virus et ont donné des conseils pour nous protéger mieux à l’avenir contre ce genre de malware », a indiqué le général Testelsmans. « Dans ce cas spécifique, nous pouvons être contents d’avoir pu faire appel à un grand frère », a-t-il ajouté.

Quant à la nature du virus informatique en question, l’officier belge n’a pas donné plus de précisions, si ce n’est qu’il aurait été l’oeuvre d’un « organisation professionnelle ». A la question de savoir pour quelle raison il a fait appel aux spécialistes américains plutôt qu’à ceux d’un pays européens, le général Testelmans n’a pas tourné autour du pot.

« Nous travaillons dans le cadre de l’Otan » a-t-il dit. « Et nous avons décidé de demander (de l’aide) aux meilleurs experts du monde dans ce domaine, qui se trouvent être ceux de l’US Cyber Command. » Les « relations avec eux sont très bonnes, ouvertes et professionnelles et l’on travaille dans le deux sens » a-t-il poursuivi.

Par ailleurs, le chef du SGRS a pris la défense de la National Security Agency, commandée par le général Keith Alexander, qui est aussi à la tête de l’US Cyber Command. Selon lui, les écoutes réalisées par cette agence, actuellement sous le feu des critiques pour son programme de surveillance PRISM, auraient permis de déjouer trois complots terroristes en Belgique.

« Dans trois cas, un possible acte terroriste a été déjoué sur la base d’une info dont nous pouvons supposer qu’elle venait directement du système Prism, et qui nous a été fournie par les canaux classifiés », a ainsi affirmé le général Testelmans. « Si la NSA ne nous avait pas relayé l’info, nous n’en aurions rien su », a-t-il insisté, avant de préciser que son service ne disposait pas d’accès direct aux données recueillies par l’agence américaine. « Nous supposons que la NSA va prendre l’initiative d’informer Belgique lorsqu’elle dispose d’informations qui est d’une importance cruciale », a-t-il expliqué.

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