La sécurité à bord des sous-marins nucléaires britanniques ne s’améliore pas

Le temps passe et rien ne change… En 2011, un rapport rédigé deux ans plus tôt par l’officier responsable de la sécurité nucléaire au sein du ministère britannique de la Défense (MoD), avait souligné que les réacteurs des sous-marins de la Royal Navy étaient « potentiellement vulnérables » étant donné qu’ils pouvaient être victimes de fuites radioactives.

Et c’est ce qui est arrivé en février dernier au sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) HMS Tireless, de type Trafalgar. Le navire avait été contraint de se retirer d’un exercice, alors organisé au large de l’Ecosse, à cause justement d’une « petite » fuite radioactive. Depuis, le submersible est en cale sèche à Plymouth…

Plus récemment, en mai, le Defence Nuclear Safety Regulator (DNSR) a interdit l’accès aux sous-marins de la Royal Navy des Loch Goil et Ewe, en Ecosse, suite à des problèmes de procédure de sécurité identifiés à l’occasion d’exercices.

Et ce même organisme vient de rendre public un nouveau rapport pour le moins inquiétant au sujet de l’état de la flotte de sous-marins nucléaires de la marine britannique et va même jusqu’à parler de danger à la fois pour les équipages et la population civile.

Plusieurs point ont été soulevés dans ce document. En premier lieu, des fissures sur les réacteurs des SNA de la classe Trafalgar ont été constatées par les inspecteurs du DNSR, dont la vie opérationnelle a été prolongée – et devra l’être encore – dans l’attente de la mise en service de leurs successeurs, les sous-marins Astute, lesquels présentent des défauts de conception. Seulement deux bâtiment de ce type ont été livrés sur les 7 attendus.

« Certains des problèmes techniques apparus sur les Trafalgar ces dernières années peuvent être directement attribués aux effets du vieillissement de leurs réacteurs », note ainsi cet organisme de contrôle.

Le même problème risque aussi de se poser pour les 4 sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la classe Vanguard, dont la vie opérationnelle a été étendue jusqu’au début des années 2030, soit le temps de développer leurs successeurs – et accessoirement, de se mettre d’accord sur le nombre à assembler.

Une autre question soulevée par le rapport concerne la sécurité des installations nucléaires. Le document souligne ainsi que l’Atomic Weapons Establishment (AWE) n’a pas pris les mesures adéquates pour remédier à des problèmes de corrosion constatés sur plusieurs colonnes en acier situées dans son usine de traitement de l’uranium d’Aldermaston, dans le Berkshire. Et d’estimer que les installations du Defence Nuclear Program (DNP) doivent faire l’objet d’une « attention prioritaire et continue » pour atteindre les niveaux de sécurité recommandés.

Enfin, le DNSR pointe également un problème de gestion des ressources humaines, étant donné que la Royal Navy peine à retenir les ingénieurs et les personnels qualifiés dans les domaines de la sécurité, la propulsion, l’énergie et la construction navale. Les soldes et les conditions de travail font que ces derniers préférent quitter l’uniforme pour rejoindre le secteur privé, où leurs compétences sont recherchées.

De son côté, le MoD a relativisé les inquiétudes soulevées par ce document. La Royal Navy « ne voudrait pas mettre en oeuvre un sous-marin si elle n’était pas sûre de le faire et le rapport reconnaît que nous prenons les mesures nécessaires pour gérer efficacement les questions techniques évoquées par le régulateur », a commenté un porte-parole.

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