Le Pentagone envisage une nouvelle réduction de ses effectifs

Comme les élus républicains et démocrates du Congrès ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur la réduction du déficit public des Etats-Unis, des coupes budgétaires automatiques sont entrée en vigueur. Et elles seront appliquées tant qu’aucun compromis ne sera trouvé. C’est ce que l’on appelle, outre-Atlantique, la « séquestration. »

Le Pentagone a ainsi vu, dès cette année, son budget de 527,5 milliards de dollars être amputé de 37 milliards, ce qui l’a bien évidemment contraint à faire des économies, comme par exemple en limitant les vols des avions de l’US Air Force ou encore en prenant des mesures de chômage partiel pour ses employés civils.

Qui plus est, ces restrictions budgétaires viennent s’ajouter à celles qui avaient déjà été décidées en 2012 et qui doivent se traduire, dans les années qui viennent, par une diminution des effectifs et la dissolution d’unités de combat (12 brigades de l’US Army seront appelées à disparaître).

Mais si les coupes automatiques se poursuivent, faute d’accord au Congrès, le Pentagone devra alors aller encore plus loin dans les réductions de ses effectifs étant donné que ce sont 500 milliards supplémentaires de dollars sur 10 ans qui manqueront aux forces armées américaines.

C’est en tout cas ce qu’a affirmé Chuck Hagel, le secrétaire américain à la Défense, qui a commandé une étude afin d’examiner les options possibles dans le cas où la « séquestration » se prolongerait mais aussi pour agiter un chiffon rouge dans l’espoir de convaincre les élus du Congrès à trouver enfin un compromis sur la réduction du déficit.

« L’étude conclut que nous pouvons réduire de façon stratégique la taille de nos forces terrestres et aériennes tactiques, au-delà de la baisse déjà programmée », a ainsi déclaré Chuck Hagel, à la presse.

« Une option » montre que « nous pourrions toujours exécuter les missions prioritaires de notre stratégie de défense tout en réduisant la taille de l’US Army à une échelle comprise entre 420.000 et 450.000 hommes pour sa composante d’active », a-t-il expliqué, en soulignant qu’aucune décision allant dans ce sens n’avait encore été prise.

Pour rappel, le Pentagone avait déjà prévu de ramener effectifs de l’US Army à 490.000 personnels d’ici 2017. Aussi, selon le scénario présenté par Chuck Hagel, les forces terrestres américaines devraient supprimer 15% de postes en plus. Quant au Corps des Marines, il n’aurait a priori pas à faire d’efforts supplémentaires en plus de ceux qu’il doit déjà réaliser en faisant passer le nombre de ses personnels de 201.000 à 182.000 d’ici 4 ans.

La même option propose également de baisser le nombre de réservistes (490.000 hommes au lieu de 550.000), de supprimer jusqu’à 5 escadrons de combat et de « couper dans la flotte d’avions de transport C-130. »

Pour le Pentagone, l’alternative – que l’on ne connaît que trop bien en France – est la suivante : soit les forces armées américaines conservent leur format, soit l’accent est mis sur leurs équipements. Pour Chuck Hagel, ou du moins selon l’option qu’il a évoquée, il ne sera pas possible de concilier les deux si aucun accord sur le déficit n’est trouvé rapidement au Congrès.

Dans le cas où la priorité serait donnée aux investissements (cyberguerre, forces spéciales, acquisiton de l’avion F-35, développement d’un nouveau bombardier, etc), le Pentagone « devrait davantage réduire l’US Army, à chiffre compris entre 380.000 et 450.000 hommes » et diminuer le nombre de porte-avions de 11 à « 9, voire à 8 », a avancé Chuck Hagel.

En revanche, a-t-il poursuivi, si le Pentagone ne touche pas aux effectifs, alors cela équivaudrait à « une absence de modernisation pendant une décennie  alors que de nombreux équipements arrivent en fin de vie. »

Cette option détaillée par le secrétaire à la Défense a un petit air de scénario Z à la française… Etant donné qu’il a en appelé le Congrès « à une prise de conscience » pour mettre fin aux coupes automatiques. « Je sais que c’est politique, je comprends cela, nous comprenons ces réalités », a-t-il dit, tout en se défendant « de crier au loup. »

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