La disponibilité des matériels baisse alors que les moyens alloués à leur entretien ont augmenté

Dans le budget de la Défense, deux lignes concernent le Maintien en condition opérationnelle (MCO) : l’une est financée par le programme 146 « Equipements des forces » et l’autre concerne les crédits d’Entretien programmé du matériel (EPM) et figure dans le programme 178 « Préparation et emploi des forces ».

L’entretien des équipements est l’un des points faibles des armées françaises, les dépenses en maintenance étant trop souvent sous-évaluées, quand elles ne pâtissent pas de coupes pour financer d’autres priorités.

« Les intentions du Livre blanc de 2008 étaient pourtant bonnes, puisque l’effort a porté sur les équipements et nous sommes très heureux de ceux que nous avons reçus. Mais nous n’avons plus aujourd’hui les moyens suffisants pour les faire fonctionner, compte tenu de la réduction des crédits consacrés au fonctionnement, à l’entretien du matériel et la contraction de la masse salariale », expliquait aux députés, en octobre 2012, le général Ract-Madoux, le chef d’état-major de l’armée de Terre. « Nous avons par exemple perdu, sur quatre ans, une année complète de crédits d’entretien programmé du matériel pour nos hélicoptères », déplorait-il.

En 2012, cependant, les moyens alloués à l’EPM ont progressé de 7% environ et il a même été prévu de les augmenter à nouveau de 8% dans le cadre de la loi de finances 2013. Seulement, malgré cet effort, le député PS Jean-Jacques Bridey a constaté que la disponibilité des matériels avait été en baisse l’an passé.

« Ce recul (…) correspond-il à un vieillisement ou s’agit-il d’une adaptation temporaire? », a-t-il ainsi demandé au général Bruno Le Ray, chef de la division « Plans, programmes et évaluation » de l’état-major des armées, lors d’une audition menée dans le cadre des travaux de la mission d’information commune aux commissions des Finances et de la Défense sur l’équipement des forces armées en 2012.

« L’exécution des dépenses d’entretien programmé du matériel depuis l’entrée en vigueur de l’actuelle loi de programmation militaire montre que les ressources n’ont pas été à la hauteur de ce qui était prévu. La dégradation en termes de disponibilité opérationnelle en découle, même si elle ne constitue pas le seul indicateur pertinent – les données d’activités opérationnelles rapportent par exemple le nombre de jours passés en mer, le nombre d’heures de vol… », a d’abord constaté le général Le Ray.

Et d’expliquer : « En raison des fortes activités d’opérations extérieures et des montants élevés obtenus au titre des décrets d’avances successifs, cette dégradation est toutefois inférieure à ce que la mauvaise progression des ressources aurait pu provoquer. Elle constitue néanmoins un sujet de préoccupation majeure pour le ministre de la Défense et la hiérarchie militaire dans le cadre de la préparation de la future loi de programmation militaire. »

En outre, les stocks de pièces détachées ont été énormément sollicités étant donné l’intense activité opérationnelle de ces dernières années. Aussi, a poursuivi l’officier,  « nous devons être conscients que le niveau opérationnel ne pourra pas être rétabli du jour au lendemain. »

Enfin, le général Le Ray a donné une explication « mécanique » de ce problème de disponibilité des équipements. « Au-delà de l’insuffisance des crédits (…),  je rappelle qu’en termes de dépenses d’entretien programmé des matériels, la dynamique du ‘coût des facteurs’ se situe en moyenne 1 % au-dessus de l’inflation. Si le rythme d’allocation des ressources ne compense pas cette évolution ‘naturelle’ des dépenses, l’efficacité des crédits ne progresse pas, et les besoins générés par l’entretien des matériels de nouvelle génération, souvent plus élevés que pour les matériels anciens, ne peuvent pas être satisfaits », a-t-il avancé.

Etant donné que les prochains budgets de la Défense resteront, du moins jusqu’en 2016, au niveau de 2012 car la non prise en compte de l’inflation constitue la part de effort que l’Hôtel de Brienne doit accomplir au titre du redressement des finances publiques, il y a de quoi être inquiet sur l’Entretien programmé du matériel, surtout si son coût progresse encore plus vite que la hausse des prix constatée.

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