Le Congrès américain n’a émis aucune réserve sur la vente de drones Reaper à la France

Le 27 juin dernier, la Defense Security Cooperation Agency (DSCA), l’agence du Pentagone en charge de l’exportation des matériels militaires, avait saisi le Congrès pour obtenir l’autorisation de vendre à Paris 16 drones MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) MQ-9 Reaper en faisant valoir qu’il était « vital pour l’intérêt national des Etats-Unis d’assister la France à développer et maintenir une capacité d’auto-défense forte et immédiate. »

Les parlementaires américains disposaient alors de 15 jours pour émettre une éventuelle réserve contre ce projet. Ce qui n’a pas été fait. « Le Congrès n’a pas émis de résolution conjointe de réprobation. L’affaire peut se poursuivre », a annoncé Lorna Jons, une porte-parole de la DSCA.

Le dernier Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale (LBDSN) recommande de doter l’armée de l’Air de 12 drones MALE. Ce chiffre a ensuite été confirmé par Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense. Et selon les plans français, il s’agit dans un premier temps d’acquérir 2 drones MQ-9 Reaper pour les déployer d’ici à la fin de l’année au Sahel. Les 10 autres suivront par la suite.

Dans son avis de notification adressé au Congrès, la DSCA a évoqué la livraison de « 16 MQ-9 Reaper, les équipements associés, les pièces de rechange, l’entraînement et le soutien logistique pour un coût estimé de 1,5 milliard de dollars (1,15 milliard d’euros) », soit 4 appareils de plus par rapport aux attentes françaises.

Cette pratique consistant à gonfler les chiffres est courante car elle permet d’éviter de solliciter à nouveau le Congrès si jamais le pays client décide d’acquérir plus d’appareils qu’il ne l’avait initialement envisagé ou s’il est besoin de remplacer des machines perdues en opération.

Reste à savoir combien coûteront exactement ces 12 MQ-9 Reaper. Lors des débats sur le budget 2012 de la Défense, et pour couper les le sénateur Daniel Reiner avait déposé un amendement pour couper les crédits destinés à l’acquisition de drones Heron TP, décidée quelques semaines plus tôt par Gérard Longuet, alors ministre de la Défense, quelques chiffres avaient été livrés.

Ainsi, l’on apprenait ainsi que la solution proposée conjointement, en mai 2011, par le groupe israélien IAI et Dassault Aviation, sur la base du Heron TP, coûtait 370 millions d’euros pour 7 appareils, francisation comprise (soit 52,9 millions par machine), ce qui était nettement plus onéreux que l’offre soumise par General Atomics. Le constructeur américain avait en effet proposé 7 MQ-9 Reaper pour 209 millions d’euros. A cela s’ajoutait le coût de la « francisation », assurée par EADS, pour 88 millions d’euros. Soit au final 42,4 millions d’euros par drone.

En juin dernier, le ministre de la Défense a quant à lui parlé de 12 MQ-9 Reaper pour 670 millions d’euros, « francisation » comprise, soit 55,8 millions par machine. Est-ce l’effet de l’inflation ou d’un taux de change devenu subitement très défavorable, toujours est-il que le prix unitaire du drone américain a augmenté de 13,4 millions d’euros en deux ans.

Et si l’on se fie aux chiffres donnés par la DSCA, c’est à dire 1,15 milliard d’euros pour 16 MQ-9 Reaper, l’on arrive à un coût unitaire de 71,8 millions, soit 16 de plus par rapport à l’estimation du ministre faite en juin. Et encore, le coût de la « francisation » n’y est pas pris en compte.

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