Libye : Les milices font toujours leur loi

Après le chef d’état-major des forces armées libyennes, c’est au tour du ministre de la Défense, Mohamed al-Barghati, de faire les frais de lutte que se livrent les milices composées d’anciens rebelles anti-Kadhafi, lesquels refusent de rendre les armes deux ans après la chute du régime contre lequel ils se sont battus.

Cette fois, ce sont des combats ayant eu lieu les 25 et 26 juin à Tripoli qui ont eu raison du ministre libyen. Dans le même temps, trois voitures piégées ont explosé à Sebha, à 700 km au sud de la capitale et un officier de l’armée a été tué par une bombe placée dans son véhicule à Benghazi; bastion de la rébellion de 2011, où ce genre d’attentat contre des militaires est relativement fréquent.

Quant aux combats de Tripoli, ils ont fait au moins 5 tués et une centaine de blessés. Les membres d’une milice de Zenten, furieux d’avoir dû abandonner la protection d’un puits de pétrole au profit d’une brigade locale, ont attaqué la Garde des installations pétrolières. D’autres groupes armés, formés d’anciens rebelles et dépendant du ministère de l’Intérieur ont alors repoussé les assaillants.

Le lendemain, la même milice de Zenten, qui dépendrait quant à elle du ministère libyen de la Défense, s’en est de pris à ces brigades, supposées pro-islamistes, en saccageant leurs locaux, afin de libérer leurs camarades faits prisonniers la veille.

Du coup, et comme les rapports entre le gouvernement libyen et les milices sont pour le moins troubles, le chef d’état-major par intérim, Salem al-Konidi, a fait savoir que « les forces qui n’obéissent pas aux ordres ne nous appartiennent pas. » Par conséquent, l’on ne sait plus quel est le statut officiel de cette brigade de Zenten à l’origine des combats.

Quoi qu’il en soit, ces incidents ont été de trop pour Mohamed al-Barghati. Ce dernier avait déjà proposé sa démission lorsque des milices avaient fait le siège de deux ministères à Tripoli. Mais là, il a été poussé vers la sortie, presque manu militari.

« Nous lui avions demandé de rester. Mais après ce qui s’est passé hier, il a été décidé qu’il serait libéré de ses fonctions. Nous nommerons dès que possible un nouveau ministre », a expliqué Ali Zeidan, le Premier ministre libyen. Et ce dernier a une nouvelle fois promis que des mesures allaient être prises pour désarmer les civils… Ce qui aurait dû être fait depuis le lancement d’un plan allant dans ce sens, en décembre 2011.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]