La Colombie et l’Otan vont coopérer

Le secrétaire général délégué de l’Alliance atlantique, Alexander Vershbow, et le ministre colombien de la Défense, M. Juan Carlos Pinzon Bueno, ont signé, le 25 juin, à Bruxelles, un accord portant sur la sécurité des informations, ce qui permettra aux deux parties « d’explorer des pistes de coopération et de consultation dans des domaines présentant un intérêt commun. » En outre, les forces armées colombiennes pourront prendre part à des exercices planifiés par l’Otan.

« En tant qu’Alliance démocratique, nous sommes honorés lorsque des pays partageant des valeurs communes se rapprochent de nous », a commenté Alexander Vershbow. Bien évidemment, cet accord, inédit pour l’Amérique du Sud mais pas pour l’Otan, étant donné que cette dernière a déjà noué des partenariats avec des pays non-européens, comme par exemple l’Australie, n’a pa manqué de créer une polémique dans un continent idélogiquement marqué par la gauche anti-libérale et « anti-impérialiste » lors de l’annonce de ce rapprochement.

« Cette demande de faire partie de l’Otan est une menace pour notre continent (…), c’est une agression, une provocation, une conspiration contre les gouvernements anti-impérialistes (comme) le Venezuela, le Nicaragua, l’Equateur et la Bolivie », s’est ainsi insurgé Evo Morales, le président bolivien, Evo Morales. Et d’ajouter : « L’Otan est devenu un instrument d’intervention dans le monde entier (…) afin de récupérer les ressources naturelles. » D’où sa demande de convoquer en « urgence le conseul de sécurité de l’Unasur », l’Unon des nations sud-américains dont fait partie la Colombie.

Le président du Nicaragua, Daniel Ortega, n’a pas fait non plus dans la demi-mesure en qualifiant ce rapprochement entre l’Otan et la Colombie de « coup de poignard dans le coeur des peuples de notre Amérique. » Même tonalité chez son homologue vénézuélien, Nicolas Maduro, qui a affirmé que « certains essayaient désormais de faire venir les armées d’invasion en Amérique latine. Cela contredit la doctrine et la légalité internationale sur laquelle se base l’union » régionale. »

Cette vague de protestations a été causée par l’ambiguité des propos tenus le 1er juin par Juan Manuel Santos, le président colombien. Ce dernier a en effet parlé d’un « processus de rapprochement », laissant entendre que son pays avait l’intention d’intégrer l’Otan.

Du coup, son ministre de la Défense a été obligé de rectifier le tir en publiant un communiqué pour expliquer les intentions de Bogota. « La Colombie ne prétend pas et ne peut être membre de l’OTAN », a-t-il ainsi affirmé en précisant que l’objectif est de mettre en plac des « mécanismes de coopération » pour faire valoir « la connaissance de la Colombie en matière de sécurité », après un demi-siècle de conflit armé avec des guérillas.

« L’accord doit aussi permettre à l’armée colombienne de profiter des expériences internationales », a poursuivi le ministre. Et d’insister : « Aucun effort de coopération de ce type n’implique la présence de troupes étrangères sur le territoire colombien »

Et le fait est, il n’est nullement question d’une éventuelle adhésion. « L’objectif de la Colombie n’était pas « de faire partie de l’Otan » mais d' »apprendre de l’Otan » et de « partager » des expériences, notamment dans la lutte anti-drogue ou anti-terroriste », a insisté Juan Carlos Pinzon Bueno, le jour de la signature de l’accord.

« L’expérience acquise par la Colombie dans le renforcement de l’intégrité au sein du secteur militaire est précisément le genre de contribution importante qui illustre bien la valeur ajoutée que peut apporter la coopération », a confirmé Alexander Vershbow, le jour de la signature de l’accord.

Et si l’Otan cherche à établir un vaste réseau de partenaires, « c’est parce que des problèmes mondiaux appellent des solutions mondiales », a encore précisé le secrétaire général adjoint. « La sécurité coopérative, par le développement des partenariats, est l’une des grandes priorités de l’Alliance. Depuis deux décennies, les partenariats de l’OTAN sont une réussite incontestable », a-t-il conclu.

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