Le 24e Régiment d’Infanterie renaît sous la forme d’un bataillon de réserve

Dans l’attente des arbitrages ministériels concernant les unités appelées à disparaître avec la suppression de 24.000 postes supplémentaires prévue dans la prochaine Loi de Programmation Militaire (LPM), des régiments renaissent de leurs cendres. Ou du moins leurs traditions sont reprises.

Ainsi, les différents centres d’entraînement de l’armée de Terre vont changer d’appellation pour se voir accoler au côté de leur nom d’origine celui d’un régiment dissous par le passé. Cest le cas, par exemple, du Centre d’entraînement des postes de commandement (CEPC) avec le 3e Régiment d’Artillerie, dissous en 1993 ou encore du Centre d’entraînement aux Actions en Zone Urbaine (CENZUB) avec le 94e Régiment d’Infanterie ou encore du Centre d’entraînement au combat (CENTAC) avec le 5e Régiment de Dragons. Il ne s’agit bien évidemment pas de reconstituer ces unités telles qu’elles étaient avant leur dissolution mais de faire revivre leurs traditions.

Le cas du 24e Régiment d’Infanterie est différent car là, pour le coup, sa renaissance correspond à la création d’une nouvelle unité, à savoir le bataillon de réserve opérationnelle « Île de France ».

Le chef de corps de ce dernier, le lieutenant-colonel Gérald Orlik, se verra remettre le drapeau du 24e RI des mains du général Ract-Madoux, le chef d’état-major de l’armée de Terre, lors d’une prise d’armes qui se tiendra ce 27 juin au Fort neuf de Vincennes.

La montée en puissance de ce bataillon de réserve, dont la création a été décidée en juillet 2012, a commencé dès l’automne dernier, avec l’objectif de constituer au plus tôt son état-major et sa première unité élementaire. Une seconde verra prochainement le jour au camp des Loges, à Saint-Germain-en-Laye et deux autres seront formées, l’une au camp des Matelots à Versaille, l’autre, à l’Ecole Militaire, à Paris.

Le Bataillon de réserve Île de France – 24e RI sera mis à la disposition du gouverneur militaire de Paris et ses missions consisteront à fournir des capacités de réaction rapide supplémentaires pour faire face à des situations exceptionnelles ainsi qu’à renforcer le dispositif Vigipirate. Il est prévu de porter ses effectifs à peu plus de 400 personnels de réserve d’ici 2016.

« Afin de répondre aux besoins spécifiques en région Ile-de-France, les femmes et les hommes de la réserve opérationnelle représentent le complément indispensable de l’armée de Terre d’active, concourant par leurs actions à l’exécution des différentes missions assignées aux forces armées (interventions lors de crises, Vigipirate,manifestations militaires, etc.) dont elle fait partie intégrante », explique le Sirpa Terre, dans un communiqué.

Le choix de confier le drapeau et les traditions du 24e RI à ce Bataillon de réserve est logique dans la mesure où il était le « régiment de Paris » jusqu’à sa dissolution en 1997. Qui plus est, il a une histoire riche – comme d’ailleurs la presque totalité des unités de l’armée de Terre.

Formé en 1656 sous le nom de Régiment Royal, il s’est illustré dans l’armée de Turenne, puis lors de la guerre d’indépendance américaine (il s’appelait alors le Régiment de Brie). Ayant pris l’appellation de 24e RI à la faveur de la Révolution française, il a participé à la bataille de Valmy, puis à celle de Hondschoote, au cours de laquelle il s’est « couvert de gloire ». Lors des campagnes du Ier Empire, il va se mettre en avant à Iéna, Friedland et Eylau.

Par la suite, il a été engagé en Algérie, où là encore, il a fait parler de lui lors du combat de « La Chiffa ». Lors de la guerre franco-prussienne de 1870, il s’est distingué lors de la bataille de Forbach-Spicheren. Mais, acculé à Metz, ses officiers préféreront déchirer le drapeau de leur régiment et en conserver chacun une partie plutôt que de le remettre aux vainqueurs lors de la capitulation de la capitale lorraine.

Lors de la Première Guerre Mondiale, le 24e RI fait preuve d’une conduite remarquable au feu, ce qui lui vaudra la Croix de Guerre 14-18 et le nom des batailles des Deux-Morins, d’Artois et de l’Aisne seront inscrites dans les plis de son drapeau. Au cours de la campagne de France de mai-juin 1940, le régiment fera une nouvelle fois preuve de tenacité et de combativité. A tel point qu’il perdra 73 officiers, 203 sous-officiers et 2.450 hommes, notamment en opposant une résistance farouche face à l’avancée allemande dans le secteur de Saint-Loup-en -Champagne.

Pour l’anecdote, l’acteur André Robert Raimbourg, plus connu sous le nom de Bourvil, s’était engagé comme trompette au 24e RI en 1937 en devançant l’appel.

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