Le Pentagone n’a aucune alternative à sa base navale de Bahreïn

Depuis février 2011, et dans le sillage des révoltes arabes, Bahreïn est en proie à des troubles internes, motivés par le mécontentement de la population chiite, majoritaire, qui s’estime marginalisée par la minorité sunnite au pouvoir.

A tord ou à raison, les autorités de ce petit royaume pétrolier accusent l’Iran d’encourager en sous-main ce mouvement de protestation. Même si le lien est difficile à prouver, il n’en reste pas moins que Téhéran verrait certainement d’un très bon oeil un renversement du pouvoir en place.

Et pour cause : Bahrein abrite une importante base navale américaine, qui, étant le siège de la Ve Flotte de l’US Navy, est essentielle pour d’éventuelles opérations dans le golfe Persique et, plus largement, au Moyen Orient.

Aussi, si d’aventure la monarchie venait à être remplacée par un régime proche du pouvoir iranien, l’on peut parier, sans prendre de risques, qu’il sera demandé au Pentagone de bien vouloir fermer sa base et d’aller en établir une ailleurs.

Seulement, d’après un rapport publié par la Brookings Institution, un centre de réflexion installé à Washington, l’administration américaine n’a aucun plan B au cas où cette éventualité deviendrait une réalité.

« De manière surprenante, les dirigeants militaires n’ont pas de ‘plan B’ si l’accès stratégique à Bahreïn est menacé », a ainsi écrit le commandant Richard McDaniel, dans ce document. Et cela « pourrait laisser les Etats-Unis sans une base maritime clé à un moment de tensions importantes au Moyen-Orient », a-t-il ajouté.

Pourtant, des solutions existent. Ainsi, l’ancien directeur national du renseignement américain, l’amiral Dennis C. Blair, avait affirmé, en février dernier, que « Bahreïn a besoin des Etats-Unis plus que les Etats-Unis n’ont besoin de Bahreïn ». Et de préconiser le déplacement du système de commandement sur des navires en mer.

Seulement, cette option serait trop coûteuse. D’où les propositions du rapport de la Brookings Institution. L’un d’elles consisterait à déplacer la base à Doha, au Qatar, où un grand port est en cours de construction. Le Koweït et le sultanat d’Oman pourraient également constituer des points de repli.

De son côté, le Pentagone a réagi au rapport du centre de réflexion en affirmant qu’il « réexamine régulièrement des scénarios alternatifs, notamment pour ses bases les plus importantes. » Sauf, manifestement, pour celle de Bahrein.

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