Le chef d’état-major de la British Army met en garde contre de nouvelles coupes budgétaires

En 2010, dans le cadre d’une politique d’austérité visant à réduire la dette et les déficits publics, le ministère britannique de la Défense (MoD)s’était vu imposer une réduction de 8% de  son budget. L’équivalent outre-Manche du Livre blanc français, la Strategic Defence and Security Review (SDSR) avait alors donné toutes les justifications aux abandons de capacité que cette décision allait susciter.

Et d’affirmer que, certes, leur format allait être réduit, les forces britanniques gagneraient en réactivité et en muscle et qu’après la pluie viendra le beau temps. Du coup, la British Army, pour ne citer qu’elle, ne comptera plus que 82.000 hommes à l’issue des réformes, soit la taille qu’elle avait lors de la guerre des Boers.

Seulement, les résultats de la politique économique du gouvernement emmené par David Cameron tardent à être au rendez-vous. Bilan des courses, un nouvel effort a été démandé au MoD, avec une ponction de 735 millions de livres pour la période 2013-2015… Et comme la situation risque de ne pas s’arranger, les forces armées britanniques doivent s’attendre à un nouveau coup de rabot à l’occasion de la prochaine revue des dépenses, prévue en 2015.

Certes, le gouvernement britannique a bien annoncé un plan d’investissement de 159 milliards de livres sur 10 ans pour acquérir de nouveaux matériels. Mais il se trouve qu’il n’est pas encore financé, alors que 95% des engagements ont été pris. D’où de probables nouvelles restrictions budgétaires sur les dépenses de fonctionnement.

L’hiver dernier, le Royal United Services Institute (RUSI) avait estimé que le MoD devait s’attendre à plus de 11 milliards de livres de coupes supplémentaires dans son budget dans les 10 ans à venir.

Dans l’immédiat, le chancelier de l’Echiquier, George Osborne, a demandé un effort de réduction des dépenses de 11,5 milliards pour la période 2015/2016. Et le MoD devra à nouveau fournir sa part. Si le budget destiné aux équipements devrait augmenter de 1%, en revanche, le ministre britannique de la Défense, Philip Hammon, doit trouver 5% d’économies dans d’autres postes de dépenses.

Quoi qu’il en soit, ces perspectives sont redoutées par le général Sir Peter Wall, le chef d’état-major de la British Army. D’où sa mise en garde lancée le 17 juin, lors d’une émission diffusée par SkyNews.

« Le prochain examen des dépenses semble prévoir avec certitude de nouvelles réductions du budget de la Défense, ce qui va créer un écart considérable entre les capacités prévues et les ressources disponibles. Quel est le danger de cet écart? », lui a demandé le journaliste qui l’a interrogé.

« Je pense que cela pourrait devenir très dangereux, assez rapidement », a répondu le patron de la British Army. « Nous sommes arrivés à un point où l’on ne peut plus aller plus loin sans porter atteinte sérieusement à nos compétences et à nos chances de succès sur les champs de bataille de l’avenir », a-t-il ajouté, en soulignant que l’impact des précédentes coupes n’avaient pas encore été totalement digéré par les forces britanniques. « Nous solliciter davantage maintenant (…) serait très perturbateur », a-t-il estimé.

Le franc parler du général Peter Wall, qui est encore en activité, va-t-il convaincre le gouvernement britannique? Cela n’en prend pas le chemin. Ainsi, le Premier ministre, David Cameron, a répondu que les forces britanniques sont « parmi les mieux financées du monde » et qu’il est nécessaire de prendre des « décisions difficiles » dans le cadre du programme économique défendu par la coalition gouvernementale. Et d’ajouter qu' »aucun ministère n’est à l’abri des économies. »

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