Rafale : Dassault Aviation est « très volontariste » au Canada

Lors de la conférence de presse qu’il a donnée avant l’ouverture du salon aéronautique du Bourget, Eric Trappier, le Pdg de Dassault Aviation, a bien évidemment évoqué les marchés où l’avion de combat Rafale pourrait s’imposer. Cependant, il n’a pas été très bavard sur deux dossiers qui ont fait couler beaucoup d’encre ces dernières années, à savoir les négociations aux Emirats arabes unis et l’appel d’offres FX-2 brésilien. Pour ce dernier, il a simplement indiqué attendre la décision de Brasilia, qui tarde à venir.

En revanche, Eric Trappier est plus longuement revenu sur les négociations portant sur la vente de 126 Rafale en Inde, pays qui a d’ailleurs été le premier client à l’exportation de Dassault Aviation. Là, l’avionneur tout comme les autorités indiennes espèrent boucler le contrat d’ici la fin de cette année, même si les discussions sont difficiles étant donné la complexité du montage industriel à mettre en place.

Un autre marché où le Rafale a ses chances est la Malaisie, où les forces aériennes comptent acquérir 18 d’appareils. L’avion français y est en compétition avec le Gripen de Saad, l’Eruofighter, le F-18 de Boeing et le Su-35 russe.

« Nous sommes très actifs en Malaisie, nous y avons envoyé notre Rafale à plusieurs reprises pour des évaluations par des pilotes », a assuré le patron de Dassault. Le constructeur français est même prêt à y installer, à la demande de Kuala Lumpur, une ligne d’assemblage dans le pays, ce qui, sur le plan économique, n’est pas plus le pertinent pour un aussi faible nombre d’avions. « Si c’est ce qu’ils veulent, ils l’aurant », a-t-il affirmé.

L’autre marché qui intéresse plus particulièrement Dassault Aviation, notamment en raison de sa portée stratégique, est le Canada. Initialement, Ottawa avait sélectionné le F-35 de Lockheed-Martin pour remplacer la flotte vieillissante de ses CF-18 Hornet. Mais, devant l’augmentation des coûts, des problèmes techniques rencontrés au cours de son développement et surtout pour répondre aux critiques vives portant sur la procédure d’acquisition, ce choix a été remis en cause.

Du coup, le gouvernement canadien il a lancé un nouveau processus pour examiner les cinq avions de combat qui pourraient répondre à ses attentes. Si le F-35 fait partie de la liste, il est désormais en concurrence avec le F-18 Super Hornet de Boeing, le Rafale, l’Eurofighter Typhoon et le Gripen. Etant donné l’étendue du territore canadien, un bi-moteur a plus de chance qu’un monomoteur. C’est du moins pour cette raison que furent choisis les CF-18 actuellement en service.

Quoi qu’il en soit, le constructeur français estime avoir ses chances au Canada, pays où Eric Trappier a confié que Dassault Aviation y est « très volontariste ». Pour lui, la remise en cause du choix en faveur du F-35 est « l’occasion de montrer que nous avons l’excellence avec le Rafale ». Et un éventuel succès pourrait décider d’autres pays engagés avec l’appareil de Lockheed Martin d’imiter le Canada.

Car, au passage, Eric Trappier n’a pas manqué de critiquer certains pays européens – en l’occurrence les Pays-Bas et le Danemark – pour qui « il existe un Buy Americain Act qui semble laisser supposer que c’est toujours mieux d’acheter américain. »

Cela étant, Dassault Aviation a-t-il ses chances au Canada. En tout cas, elles existent pour Eric Trappier. « Les militaires canadiens ont vu le Rafale en opération que ce soit au Mali ou même avant, en Libye » et « cela démontre très clairement que les avions de combat français, Rafale en particulier, sont au bon niveau pour répondre aux besoins opérationnels » de l’aviation royale canadienne, a-t-il expliqué.

Et puis, le patron de l’avionneur français a rappelé les difficultés du F-35, ainsi que son coût d’exploitation trop élevé, avec une heure de vol plus chère par rapport au Rafale (le double) et des contraintes liées à la furtivité de l’appareil. « C’est l’occasion de montrer qu’en termes budgétaires les avions américains, même s’ils bénéficient de l’avantage du dollar, dérivent fortement dans leurs développements », a fait valoir Eric Trappier, en rappelant que cela n’a pas été le cas du Rafale, rapport de la Cour des comptes à l’appui. Les magistrats de la rue Cambon avait en effet relevé que le programme Rafale connu une dérive budgétaire de seulement 4%.

Aussi, pour le patron de Dassault Aviation, « le Rafale est un modèle dans ce domaine contrairement au F-35, qui a un développement qui dure et qui rencontre certaines difficultés techniques et surtout quelques problématiques budgétaires ». Des points qui ne peuvent pas laisser de marbre les militaires canadiens, et cela d’autant plus, comme il s’est plu à le souligner, « le F35 va coûter cher en terme opérationnel. »

Pour autant, l’affaire est loin d’être gagnée. D’une part parce que Ottawa a l’habitude d’acheter ses avions de combat chez son voisin. Et que si le F-35 est abandonné, il restera à supplanter le F-18 Super Hornet de Boeing. Et puis Lockheed-Martin ne s’avoue pas vaincu.

Ainsi, en mai dernier, Dave Scott, le directeur de l’engagement des clients internationaux pour le F-35 chez le constructeur américain, a dit cette petite phrase lourde de sens lors d’un déplacement à Montréal : « les bénéfices industriels vont aux entreprises des pays qui achètent ou ont l’intention d’acheter le F-35. S’il y a un changement et si un pays décide de ne pas acheter le F-35, nous allons rectifier le tir et nous tourner vers d’autres pays. » Or, plus de 70 entreprises canadiennes sont impliquées dans le programme JSF, avec des contrats dont la somme est d’environ 450 millions de dollars. De quoi faire réflechir….

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