A son tour, Washington accuse Damas d’avoir franchi la ligne rouge

Une semaine après que le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a fait état de l’usage de gaz sarin par le régime de Bachar el-Assad, Washington, qui avaient demandé à examiner les preuves en possession de Paris, a affirmé, et cela pour la première fois, que les autorités syriennes avaient eu recours à des armes chimiques contre les rebelles. Or, cela était la ligne rouge qu’avait fixé le président Obama en août dernier.

« Après un examen approfondi, la communauté du renseignement (américaine) estime que le régime Assad a utilisé des armes chimiques, dont du gaz sarin, à échelle réduite contre l’opposition à de multiples reprises dans l’année écoulée », a en effet déclaré Ben Rhodes le conseiller adjoint de sécurité nationale du président américain.

« Notre communauté du renseignement a une confiance élevée dans cette évaluation, étant donné les sources d’information multiples et indépendantes à ce sujet », a-t-il ajouté, en précisant qu’il était estimé qu’entre « 100 à 150 personnes sont mortes à la suite d’attaques aux armes chimiques en Syrie jusqu’ici. » Toutefois, a reconnu M. Rhodes, « les données sur les victimes sont sans doute incomplètes. »

« Même si le nombre de victimes dans ces attaques ne représente qu’une petite fraction des pertes en vies humaines catastrophiques en Syrie, qui dépassent désormais plus de 90.000 morts, le recours à des armes chimiques viole les règles internationales et franchit clairement des lignes rouges qui existent depuis des décennies au sein de la communauté internationale », a encore fait valoir Ben Rhodes.

Et maintenant, étant donné que les coups de menton n’ont pas empêché Bachar el-Assad de franchir cette fameuse ligne rouge qui lui était fixée, que va-t-il se passer? Une intervention militaire qui ne sera jamais autorisée par le Conseil de sécurité des Nations unies (veto russe et chinois oblige)? Une possible instauration d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Syrie sans résolution? A priori, pas grand chose. Du moins pour le moment.

« Barack Obama a affirmé que le recours à des armes chimiques changerait son équation, et c’est le cas », a déclaré Ben Rhodes. Ce dernier a cependant indiqué que le le chef de la Maison Blanche avait décidé de founir une aide militaire à la rébellion syrienne, au sein de laquelle les partisans d’une Syrie laïque et démocratique sont en perte de vitesse, au profit des groupes jihadistes.

Sans évoquer de possibles livraisons d’armes, Ben Rhodes a cependant indiqué que cette aide sera « différente tant en nature qu’en échelle, de ce que nous avons fourni jusqu’ici », c’est à dire des équipements non létaux. Quant à la mise en place d’une éventuelle zone d’exclusion aérienne, le conseiller adjoint a affirmé qu’aucune décision à ce sujet n’a été encore prise à la Maison Blanche. Cela étant, et d’après le Wall Street Journal, le Pentagone a soumis des plans allant dans ce sens à l’exécutif américain.

« Nous avons communiqué les informations sur les armes chimiques aux Russes (…) et nous pensons que la Russie et tous les membres de la communauté internationale devraient être préoccupés par un recours à de tels armements », a encore affirmé Ben Rhodes.

En avril dernier, le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, avait demandé, lors d’une réunion à Bruxelles, à ce que l’Otan se prépare à répondre à la menace posée par la Syrie, notamment par ses armes chimiques.

« L’Otan a montré qu’elle était résolue et solidaire à l’égard de notre allié turc, grâce au déploiement de (missiles) Patriot sous le drapeau de l’Otan. Nous devons aussi porter notre attention, collectivement, sur la manière dont l’Otan est préparée à répondre pour protéger ses membres face à une menace syrienne, notamment toute menace potentielle d’armes chimiques », a-t-il déclaré.

Et le secrétaire général de l’Alliance, Anders Fogh Rasmussen, avait alors répondu que l’Otan se tenait « prête à défendre, à protéger (ses) alliés, en l’espèce la Turquie (et que) tous les plans étaient en place pour assurer une protection efficace de la Turquie », où des batteries antimissiles Patriot ont été déployées en janvier dernier. « L’Otan  n’a pas été appelée à jouer un rôle, mais si l’on ne répond pas à ces défis, ils risquent d’affecter directement notre sécurité », avait-il ajouté.

D’où la réaction de M. Rasmussen, après les dernières accusations américaines portées contre Damas. « Il est urgent que le régime syrien laisse l’ONU enquêter sur l’usage d’armes chimiques », a-t-il affirmé sur son compte Twitter. « L’usage d’armes chimiques par la Syrie est totalement inacceptable et constitue une violation du droit international », a-t-il ajouté, en soulignant que cela était un motif de « grande inquiétude. »

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