M. Le Drian se veut confiant sur le maintien du budget de la Défense

Jusqu’en 2016, le budget de la Défense devrait être maintenu à son niveau actuel, c’est à dire à 31,4 milliards d’euros, sachant que ce montant tient compte, déjà, de recettes exceptionnelles.

« Le compromis est que l’effort de la Défense au redressement des comptes publics sera égal à l’inflation », a commenté Jean-Yves Le Drian, le locataire de l’Hôtel de Brienne, le 11 juin. Ce qui masque en réalité une baisse du « pouvoir d’achat » des forces armées de quelques centaines de millions, sachant que le taux d’inflation est, en moyenne, de 2%.

Mais pour arriver à maintenir ces 31,4 milliards d’euros de budget, il faudra compter sur des recettes exceptionnelles. « J’ai besoin de 1,3 milliard en 2013, je l’ai, et j’ai besoin de 1,8 milliard en 2014, je l’aurai », a affirmé le ministre. Il reste toutefois 3 mois avant la présentation du prochain budget au Parlement… Ce qui fait court.

Le même niveau de recettes exceptionnelles sera demandé également pour les années 2015 et 2016. Et elles « seront au rendez-vous », a insisté M. Le Drian, étant donné qu’il s’agit d’un « engagement du président de la République qui sera tenu. » De toute façon, le ministre n’a pas de plan de secours au cas où elles feraient défaut. Ce qui n’est pas impossible en raison de leur caractère aléatoire.

Ces recettes exceptionnelles viendront de la vente de biens immobiliers et de fréquences hertziennes, du moins pour 2013 et 2014. Pour après (3,6 milliards) c’est encore imprécis. « Qu’il y ait des cessions d’actifs potentielles dans les recettes exceptionnelles, cela me semble une hypothèse possible mais c’est complètement indépendant », a indiqué Jean-Yves Le Drian, en faisant référence à la cession de participations de par l’Etat dans des groupes industriels.

Et de réfuter tout lien entre les recettes exceptionnelles et une possible consolidation du secteur de l’armement. « Pour l’instant, je n’ai pas beaucoup le temps de faire du mécano industriel », a-t-il affirmé.

En outre, M. Le Drian a annoncé que la prochaine Loi de Programmation Militaire (LPM) 2014-2019, qui sera soumis au Parlement cet automne contiendra une clause de de sauvegarde qui permettra sa révision en 2016 en fonction de la situation économique qui prévaudra alors.

« Votée au début de la crise, la précédente LPM s’est vite avérée irréaliste », a-t-il expliqué. Les forces armées pourront-elles alors compter sur une hausse de leur budget si les indicateurs se sont améliorent d’ici-là? Peut-être… Mais ce dispositif est à double tranchant. Il y a d’ailleurs un « risque », a-t-il reconnu, si jamais l’état des finances se dégrade…

Et les dernières annonces du ministère du Budget ne sont guère encourageante. Malgré la hausse des prélèvements, les rentrées fiscales sont restées stables au cours du 1er trimestre par rapport à la même période de 2012 (on ne semble pas connaître la courbe de Laffer en France…) et le déficit s’est creusé de 6,9 milliards d’euros. Le tout sous l’oeil attentif de Bruxelles.

Par ailleurs, M. Le Drian a également indiqué que les crédits destinés aux grands équipements seront maintenus aux environs de 5,7/5,9 milliards par an tout au long de la LPM. « Il me reste à rendre des arbitrages lourds car aucun programme majeur n’a été supprimé, leur calendrier va bouger. Il y a nécessité d’étaler les livraisons, cela en laissant les industriels en capacité », a-t-il expliqué.

Cependant, tous les équipements ne seront pas logés à la même enseigne car certains seront traités en urgence, comme les drones et les avions-ravitailleurs, cela afin de remédier au plus tôt à des déficits capacitaires identifiés depuis (trop) longtemps.

Enfin, le ministre a eu un mot pour Dassault Aviation, qui, selon lui, est « installé sur un concept de rente », avec l’avion Rafale. « On va continuer le rythme de livraison dans l’immédiat et après il faut que l’exportation joue son rôle », a-t-il affirmé. Avec la livraison de 11 appareils par an (le minimum pour maintenir les chaînes d’assemblage), l’armée de l’Air et à la Marine nationale continueront d’en recevoir  « jusqu’en 2016 ou 2017 », même si cela n’est pas « gravé dans le marbre », a déclaré M. Le Drian.

A ce jour, 180 Rafale (132 pour l’armée de l’Air, donct 63 biplaces) et 48 pour la Marine nationale) ont été commandés. D’ici l’été, 120 exemplaires auront été livrés, ce qui laissait supposer un étalement des livraisons jusqu’au début 2019. Quant aux possibilités à l’exportation, Dassault négocie un contrat portant sur 126 avions avec l’Inde et reste encore en course au Brésil. Pour le marché des Emirats arabes unis, l’affaire s’annonce plus compliquée, notamment depuis l’annonce par Abu Dhabi de l’achat de F-16 supplémentaires.

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