Le président Hollande veut ouvrir une « nouvelle étape de l’Europe de la Défense »

Dans un discours prononcé ce 24 mai à l’Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale (IHEDN), le président Hollande a indiqué que le budget de la Défense sera « fixé en 2014 à 31,4 milliards d’euros c’est à dire exactement le même montant qu’en 2012 et en 2013 ». Et d’affirmer que « l’effort pour notre défense » sera maintenu « à son niveau actuel. »

Seulement, ce n’est pas tout à fait exact. Car s’il est alloué à la Défense le même montant de crédits qu’en 2012 et 2013, cela veut dire que l’inflation (2% l’an passé) n’est pas prise en compte. De facto, les ressources affectées aux armées diminueront d’autant. En outre, ll faudra compter sur des recettes dites exceptionnelles, dont on sait, par expérience, qu’elles sont aléatoires…

D’ailleurs, si l’effort de défense était maintenu, l’on se demande bien pourquoi le ministère de la Défense devra supprimer 24.000 postes supplémentaires dans les années qui viennent pour rester dans les clous de son enveloppe budgétaire. Sans surprise, ce chiffre a été confirmé par le chef de l’Etat. Et cela revient à supprimer 10% des effectifs.

Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a expliqué que cette dimunition des effectifs affecterait le moins possibles les forces opérationnelles… Et pourtant, le dernier Livre Blanc sur la Défense et la Sécurité nationale (LBDSN) propose bel et bien de supprimer une brigade de combat de l’armée de Terre…

Cela étant, dans le contexte écononomique actuel, le président Hollande a annoncé de nouvelles initiatives afin de relancer « l’Europe de la Défense » d’ici le conseil européen de décembre 2013, lequel portera sur cette question.

« Les opérations militaires récentes ont montré combien nous devions travailler avec l’Union européenne, notamment pour être en mesure de répondre aux crises. C’est pourquoi la France veut ouvrir une nouvelle étape de l’Europe de la défense », a en effet fait valoir le président Hollande.

Et d’expliquer : « La maîtrise des finances publiques partout en Europe exige et invite à mutualiser les capacités, à prendre davantage d’initiatives et à nous appuyer sur les matériels fabriqués en coopération », en soulignant que « c’est ce que la France fait déjà avec le Royaume Uni, pour construire notamment une force d’intervention conjointe. »

« C’est aussi ce que la France veut faire avec l’Allemagne, y compris pour des interventions militaires extérieures », a ajouté le chef de l’Etat, qui a également dit souhaiter « poursuivre nos partenariats avec la Belgique, l’Italie ou l’Espagne et associer les nouveaux membres de l’Union européenne à cette démarche. A commencer par la Pologne et les pays du groupe de Visegrad » (Hongrie, Pologne, République tchèque, Slovaquie), « car l’Europe de la défense, ça doit être l’Europe tout entière. »

S’agissant d’une éventuelle initiative avec l’Allemagne pour des missions extérieures, l’on peut émettre quelques doutes… Car pour que ce projet aboutisse, encore faudrait-il qu’il y ait une harmonisation des « caveats », c’est à dire des règles d’engagement, entre les armées des deux pays. D’ailleurs, ces divergences, expliquait un rapport parlementaire publié en novembre 2011, « empêchent d’envisager un déploiement opérationnel immédiat plein et entier de la BFA (ndlr, Brigade Franco-Allemande). »

Enfin, le chef de l’Etat a annoncé qu’il ferait « des propositions sur ces sujets d’ici le conseil européen de décembre 2013 qui doit être consacré à la défense », en précisant que ces dernières « porteront sur nos présences dans les Balkans, en Méditerranée, au Proche-Orient, en Asie » et « concerneront aussi les coopérations », notamment « dans les domaines du transport aérien, des satellites d’observation, du ravitaillement, des drones. »

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